2 Corinthiens 4 : 16/18 5 : 1/5
« C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et lors même que notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles.
Nous savons, en effet, que, si cette tente où nous habitons sur la terre est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite de main d’homme. Aussi nous gémissons dans cette tente, désirant revêtir notre domicile céleste, si du moins nous sommes trouvés vêtus et non pas nus.
Car tandis que nous sommes dans cette tente, nous gémissons, accablés, parce que nous voulons, non pas nous dépouiller, mais nous revêtir, afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie. Et celui qui nous a formés pour cela, c’est Dieu, qui nous a donné les arrhes de l’Esprit. »
Notre attention se portera aujourd’hui sur ce que l’apôtre Paul déclare dans ce texte, à savoir qu’il est possible aux chrétiens de voir l’invisible. Il ne s’agit pas bien entendu de voir des choses imaginaires ou virtuelles, mais de voir des réalités spirituelles qui ne sont pas perceptibles à nos cinq sens, mais bien réelles aux yeux de notre esprit. C’est pourquoi le verbe regarder (skopeo en grec) signifie littéralement : scruter, observer, fixer quelque chose « de réel » avec les yeux de l’esprit.
En fait, ce que Paul nous explique ici, nous l’expérimentons tous les jours, sans même nous en rendre compte. En effet, quand nous lisons un passage biblique, nous ne faisons pas seulement pénétrer dans notre esprit une lecture, une instruction ou une connaissance, mais aussi des images mentales très claires. Ainsi, nous pouvons voir mentalement Jésus changer l’eau en vin, multiplier les pains et les poissons, marcher sur l’eau, guérir les malades, chasser les démons, ressusciter les morts, poser ses mains sur les enfants pour les bénir, sortir vainqueur du tombeau, monter au ciel ou nous accueillir dans la gloire…
En fait, quand Dieu nous dit quelque chose par la Bible, la parole qu’il proclame est comparable à une vision : « Daniel fut attentif à cette parole, et il eut l’intelligence de cette vision ». Daniel 9 : 23 10 : 1
Tel Père, tel fils (ou fille)
Avoir la faculté de voir l’invisible ne doit pas nous surprendre, car nous avons été créés à l’image de Dieu. Notre Père céleste n’a pas seulement doté notre âme d’un esprit, d’une intelligence, de sentiments, d’une mémoire, d’une conscience, d’une volonté, mais aussi d’une imagination, capable de mettre des images sur nos pensées, nos projets et nos croyances.
Si l’imagination n’était pas une faculté importante, pourquoi Satan a-t-il conduit Eve à contempler le fruit de l’arbre défendu ? Mais l’ennemi de Dieu savait que si Eve regardait attentivement le fruit de cet arbre, des images mentales allaient naître en elle, amorçant la convoitise de la chair qui enfante le péché : « la femme vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence ; elle prit de son fruit, et en mangea ; elle en donna à son mari, qui était auprès d’elle, et il en mangea. Les yeux (spirituels) de l’un et l’autre s’ouvrirent… » Genèse 3 : 6/7 Jacques 1 : 13/15
Il y a malheureusement dans le monde chrétien, à cause de certaines dérives et de faux enseignements, une méfiance quand on fait référence au pouvoir de l’imagination, dit Patrick Fontaine. Mais, ce n’est pas parce que certaines sectes ou religions païennes utilisent mal les yeux du cœur (cherchant à créer le bonheur, à produire la réussite matérielle ou à provoquer des guérisons miraculeuses), que nous devons rejeter en bloc ce qu’enseigne la Parole de Dieu sur la possibilité de voir l’invisible.
– Les prophètes de l’Ancien Testament, n’étaient-ils pas appelés couramment « des voyants », non pas des voyants au sens occulte du mot, c’est-à-dire des médiums (étant en relation avec des forces occultes), mais comme des êtres qui contemplaient avec les yeux de leur esprit des réalités spirituelles que les autres ne voyaient pas.
« Souvenons-nous de l’expérience de Guéhazi, serviteur du prophète Elisée, qui fut pris de panique en voyant (avec les yeux de sa chair) l’armée Syrienne entourant la maison du prophète. Mais Elisée, le prophète de Dieu, voyait une toute autre réalité avec les yeux de son cœur. Il fit donc cette prière à l’Eternel : «… ouvre les yeux de mon serviteur pour qu’il voie ce qui existe vraiment ». Et Guéhazi vit (avec les yeux de son esprit) l’armée de l’Eternel présente tout autour d’eux. Cette vision ne fut pas seulement une source de joie pour Guéhazi, mais de soutien spirituel. 2 Rois 6 : 15/17
Dans la Nouvelle Alliance, tous les chrétiens ont pour vocation d’être des prophètes/visionnaires, c’est-à-dire des porte-parole de Jésus, annonçant au monde les réalités spirituelles du salut (la rédemption, le pardon des péchés, la délivrance de la seconde mort, la réconciliation, l’incarnation du Saint-Esprit en chaque croyant, la puissance pour vaincre le mal et marcher en nouveauté de vie, la régénération de tout l’être humain y compris la restauration de la santé…).
Ainsi la faculté de voir l’invisible ne nous a pas été donnée par Dieu pour créer des choses qui n’existent pas comme le prétendent les occultes modernes et les adeptes des sciences métaphysiques (sciences de la pensée), mais pour contempler et saisir ce que Christ nous a acquis par sa mort et par sa résurrection. Ephésiens 1: 3/14
Quand Jacques dit « recevez avec douceur la Parole qui a été implantée en vous et qui peut sauver vos âmes », il ne fait pas seulement référence au salut en tant que rachat de la perdition éternelle, puisqu’il s’adresse à des chrétiens déjà sauvés, mais aussi à toutes les bénédictions liées au salut, c’est-à-dire la délivrance de nos liens occultes, de nos blessures du passé, de nos états de faiblesses congénitales et aussi de toutes nos souffrances psychiques ou physiques.
C’est pourquoi le verbe « recevoir », (dechomail en grec), signifie littéralement » : saisir (ou prendre) ce que le Seigneur nous offre (notre héritage spirituel). Jacques 1 : 21
Voir l’ensemble de notre héritage céleste, avec les yeux de notre cœur, produira en notre âme le courage nécessaire pour attendre l’heure de la bénédiction, pour mener à bien le bon combat de la foi, pour persévérer malgré les nombreuses tribulations de la vie et pour recevoir la force de résister à tous les artifices de Satan.
Les patriarches ont vu l’invisible
1) Comment Noé a-t-il osé construire une arche dans un endroit désertique, loin de la mer ? Et comment a-t-il pu persévérer autant d’années (120 ans), malgré les moqueries et l’incrédulité des gens de son époque ? La lettre aux Hébreux nous en donne l’explication : « il fut divinement averti des choses qu’on ne voyait pas encore ».
Dieu lui fit donc voir en esprit ce qui allait arriver (l’anéantissement de la terre par le déluge) et cette vision interne, le fortifia, lui donna le courage nécessaire et la capacité de persévérer envers et contre tout. Hébreux 11 : 7
2) Comment Abraham pouvait-il croire qu’il deviendrait un jour le père d’une multitude de peuples, alors que sa femme était stérile ? Là encore, la Bible nous apporte la réponse. Dieu demanda un soir à Abraham de sortir de sa tente et lui montra les myriades d’étoiles qui sont dans le ciel. Ce qu’il vit, avec les yeux de sa chair, fut gravé à jamais dans son imagination (l’œil interne), lui permettant d’espérer contre toute espérance, de supporter les moqueries et d’affronter tous les obstacles, car les yeux de son cœur étaient fixés sur la vision divine qu’il avait contemplée. Genèse 15 : 5 Exode 32 : 13
– Comment ce même homme a-t-il eu le courage de lier sur un autel son fils unique, né du miracle, pour l’offrir en sacrifice ? Là encore, la Bible nous éclaire sur l’origine de son acte de foi. « Il pensait que Dieu est puissant, même pour ressusciter les morts ». Le verbe penser, (logizomail en grec) signifie aussi « regarder ce que l’on possède vraiment sur son compte ». Ce verbe insiste sur des faits réels et non sur des suppositions ou des hypothèses.
Si donc Abraham était prêt à sacrifier Isaac, c’est qu’il avait consulté son compte céleste, et qu’il avait vu que son fils vivrait ou lui serait rendu, comme par une sorte de résurrection. C’est pourquoi, Abraham prononça devant ses serviteurs cette parole de foi : «… moi et le jeune homme, nous irons jusque-là pour adorer, et nous reviendrons auprès de vous ». Genèse 22 : 4/5 Hébreux 11 : 17/19
Abraham était tellement habitué à voir l’invisible qu’il a pu contempler, à l’avance, le jour du Christ. Cette vision de la venue du Messie promis fut, pour lui, une source de joie, d’encouragement et de persévérance dans la foi. Jean 8 : 56
3) Comment Moïse a-t-il pu renoncer à son rang de fils de la fille de Pharaon, au pouvoir politique et à toutes les richesses de l’Egypte, pour vivre quarante années dans le désert à garder des moutons ? Là encore la Bible nous donne la réponse. Les yeux spirituels de Moïse étaient fixés sur un autre rang, un autre pouvoir et d’autres richesses. « Moïse regarda l’opprobre de Christ comme une richesse plus grande que tous les trésors de l’Egypte, car il avait les yeux (de son esprit) fixés sur la rémunération. C’est par la foi qu’il quitta l’Egypte, sans être effrayé de la colère du roi ; car il se montra ferme comme voyant celui qui est invisible. » Hébreux 11 : 24/27
– Comment Moïse fut-il en mesure de construire dans les moindres détails le tabernacle céleste, appelé aussi la tente d’assignation ? Sur la montagne du Sinaï, Dieu lui fit voir la réalité de cette maison glorieuse où Il désirait habiter, et cette vision s’étant gravée dans son imagination, il put, à tout moment, donner aux artistes/bâtisseurs toutes les directives nécessaires pour matérialiser, sur la terre, le tabernacle divin. « Aie soin de faire tout, d’après le modèle qui t’a été montré sur la montagne ». Exode 25 : 9 Hébreux 8 : 5
4) Comment Dieu permit-il aussi à Jacob de prospérer pour devenir un puissant fermier, alors qu’il fut, pendant près de vingt ans, le souffre-douleur de son oncle Laban ? Là encore la Bible nous apporte la réponse. Le Seigneur lui accorda de voir en vision son futur troupeau. Et Jacob appliqua, jour après jour, la vision qu’il avait reçue de Dieu pour entrer dans son héritage. Chaque fois que les boucs couvraient les brebis, il contemplait, avec les yeux de son esprit (en imagination), son troupeau s’agrandir. « Et l’Ange de Dieu me dit en songe : Jacob ! Je répondis : Me voici ! Il dit : Lève les yeux, et regarde : tous les boucs qui couvrent les brebis sont rayés, tachetés et marquetés ; car j’ai vu tout ce que te fait Laban ». Genèse 31 : 11
Voyez-vous, Jacob ne créa pas de lui-même, au moyen d’une vision mentale, cet immense troupeau, mais il le contempla à l’avance et put ainsi tenir bon pendant plusieurs années, avant de devenir un homme prospère.
5) Si le peuple d’Israël n’entra pas dans la terre promise, mais erra quarante années dans le désert, c’est qu’il accepta de croire à une fausse vision. Sur les douze espions, envoyés par Moïse pour explorer le pays de Canaan, dix firent un rapport désastreux ; «… nous avons vu des géants, enfants d’Anak, de la race des géants : nous étions à nos yeux comme des sauterelles ». Seuls Josué et Caleb entrèrent dans le pays promis, car ils avaient contemplé une autre réalité spirituelle : «… ne craignez pas les gens de ce pays, car ils nous serviront de pâture, ils n’ont plus d’ombrage (ou de protection spirituelle) pour les couvrir, l’Eternel est avec nous, ne les craignez point !». Nombres 13 : 32/33 14 : 8/10
6) Et si tous les héros de la foi, dépeints dans le chapitre 11 de la Lettre aux Hébreux, ont pu tenir ferme malgré les hostilités et les persécutions, c’est qu’ils avaient, eux aussi, les yeux de leur esprit fixés sur de solides réalités spirituelles invisibles. «… ils sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises ; mais ils les ont vues et saluées de loin, reconnaissant qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre ». Le verbe « saluer », (aspazomail en grec), signifie littéralement attirer à soi une réalité spirituelle d’où embrasser une vision mentale. Ce verbe a donné en latin le mot « vidéo » qui désigne la restitution d’images enregistrées. Ayant vu à l’avance ce qu’ils allaient devenir dans la patrie céleste, ils reçurent le courage de mourir dans la foi. Hébreux 11 : 13/16
Les chrétiens peuvent voir l’invisible
1) Dans notre texte de référence, Paul déclare que les chrétiens qui subissent diverses afflictions corporelles, comme l’usure, la déchéance, le vieillissement, les faiblesses… ne perdront jamais courage, s’ils savent utiliser correctement la vidéo de leur esprit, pour contempler à l’avance ce que sera leur futur corps céleste, glorieux, incorruptible et immortel que le Seigneur Jésus leur accordera, à la première résurrection. 1 Corinthiens 15 : 42/49
Car une claire vision de ce qu’ils seront un jour dans la gloire du ciel, produira un poids éternel de gloire dans leur être intérieur (l’homme nouveau), leur permettant de continuer le combat de la foi, même si leur être extérieur (leur corps physique) s’affaiblit, se dégrade et se détruit. 2 Corinthiens 4 : 16/18
2) David qui représente le type même du chrétien pardonné et sauvé, possédait une claire vision des réalités spirituelles du salut en Christ. Il parlait donc à son âme de la façon suivante : «… mon âme, bénis l’Eternel, car c’est lui qui pardonne tous tes péchés, qui guérit toutes tes maladies, qui délivre ta vie de la fosse, qui te couronne de bonté et de miséricorde, qui rassasie de biens ta vieillesse et te fait rajeunir comme l’aigle ». Psaume 103 : 1/5
a) Ainsi quand nous péchons et que nous nous repentons sincèrement de nos actes coupables, voyons, par l’imagination, le Seigneur prendre notre lourd fardeau impur et le jeter au fond de la mer. Michée 7 : 19
Ensuite, voyons le Seigneur nous laver de toutes nos souillures avec son précieux sang. Quand l’apôtre Paul a dit aux chrétiens de Rome : « regardez-vous comme morts au péché et comme vivants pour Dieu », il a utilisé l’expression (logizomail humeis) qui, en grec, signifie littéralement « scrutez ce qu’il y a réellement sur votre compte céleste ». Si notre faute n’apparaît plus sur notre compte, parce que Jésus nous a pardonnés et purifiés, alors, refusons de nous voir encore comme souillés et coupables. Refusons la culpabilité et les mensonges diaboliques et regardons-nous désormais comme des êtres pardonnés, lavés et justifiés. 1 Jean 1 : 7/10 2 : 1/2
b) Quand nous souffrons d’une maladie physique, psychique ou morale, sondons notre être, pour savoir si cette souffrance n’est pas en rapport avec un jugement divin. Deutéronome 32 : 39 1 Corinthiens 11 : 28/32
Puis, ayons recours à la prière de l’église locale à laquelle nous appartenons, ainsi qu’à l’onction d’huile des anciens. Et ensuite, utilisons le pouvoir de notre imagination pour voir le Seigneur nous relever, comme l’enseigne notre frère Jacques. Le verbe relever « egeirô en grec » signifie à la fois « réveiller et éveiller ».
Voyons donc le Seigneur « réveiller » en nous la santé ou « éveiller » le courage et l’enthousiasme de notre âme. Jacques 5 : 13/18
c) Et si nous nous trouvons plongés dans une fosse, (littéralement « pris par un piège destructeur, comme la drogue, l’alcool, le jeu, le sexe… »), et que nous implorons la compassion du Seigneur, pour qu’Il nous délivre de tous nos esclavages (2 Pierre 2 : 19), alors, croyons qu’Il nous entend et voyons-Le nous affranchir de tous nos liens, de toutes nos oppressions et de tout ce qui a triomphé de nous, selon ce qu’Il a lui-même déclaré : «… Je suis venu pour guérir les cœurs brisés, pour proclamer aux captifs la délivrance, renvoyer libres les opprimés… cette Parole que vous venez d’entendre est accomplie ». Luc 4 : 18/21
d) Puis, si nous constatons que la vieillesse nous affaiblit et nous empêche d’être aussi opérationnels qu’avant, voyons encore le Seigneur déverser, en notre âme, une dose merveilleuse de son élixir de jouvence, comme Il le fit envers son serviteur Moïse qui fut rajeuni comme l’aigle. « Moïse était âgé de cent vingt ans lorsqu’il mourut ; sa vue n’était point affaiblie, et sa vigueur n’était pas passée ». Deutéronome 34 : 7
Ou envers son serviteur Caleb qui, étant âgé de 85 ans, réclama à Josué sa part d’héritage en Canaan, car la vision, qu’il avait reçue du Seigneur, avait changé sa faiblesse corporelle en de nouvelles forces physiques. Ce vieillard partit au combat et reçut Hébron en héritage. Josué 14 : 7/15
3) Voir l’invisible est aussi un excellent moyen de ne jamais désespérer que les projets divins ne s’accomplissent dans nos vies. Avons-nous reçu des paroles prophétiques, des songes ou des rêves divins ? Alors, que toutes ces choses qui ont été reçues et implantées dans notre âme, par le Saint-Esprit, soient entretenues par des images mentales claires de ce que Dieu nous appelle à devenir. C’est de cette manière que Gédéon, après avoir entendu l’ange lui dire « l’Eternel est avec toi, vaillant héros », devint dans le monde visible, ce qu’il était déjà dans la pensée de son Dieu. Juges 6 : 11/14
4) Et pour continuer à devenir les témoins du Seigneur, sans jamais défaillir dans notre témoignage, apprenons encore à voir l’invisible, comme Jésus l’a enseigné à ses disciples : « Ne dites-vous pas qu’il y a encore quatre mois jusqu’à la moisson ? Voici, je vous le dis, levez les yeux (de votre esprit), et regardez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson ». Jean 4 : 35
Que nous ayons semé nous-mêmes la Parole de Dieu, ou que nous soyons entrés dans un champ ensemencé par quelqu’un d’autre, nous devons voir, avec les yeux de notre esprit, la moisson comme déjà mûre pour la récolte. Jean 4 : 36/42
Sans une telle vision interne, nous nous démoraliserons devant la froideur, l’égoïsme, la mondanité et l’incrédulité des gens. Mais si, comme Jésus, notre esprit se nourrit de ce que notre Père nous a préparé d’avance, nous deviendrons de puissants témoins de Jésus à Jérusalem (dans notre maison), dans toute la Judée (auprès de notre famille et de nos amis), et jusqu’aux extrémités de la terre (auprès de tous nos contemporains). Actes 1 : 8
5) Voir l’invisible est aussi un moyen très utile, pour faire face aux souffrances liées à notre vocation de disciples de Christ. En effet, s’il y a un sujet dont on n’aime pas trop parler dans les églises, c’est bien celui des souffrances légitimes liées à la foi. Mais, Jésus n’a jamais caché à son Eglise qu’elle aurait à subir diverses tribulations dans ce monde, à cause de sa foi en Lui, comme la persécution physique, parfois le martyr ou encore la persécution morale (injustices, injures, calomnies, fausses accusations, rejet, abandon…). Matthieu 5 : 1/12 Luc 6 : 20/23 Actes 5 : 41
– N’a-t-il pas dit à Ananias, au sujet du futur apôtre Paul, «… je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir pour mon nom. » ? Actes 9 : 10/22
– N’est-il pas aussi écrit : «… ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus Christ seront (physiquement ou moralement) persécutés. » ? 2 Timothée 3 : 12
– N’est-il pas encore écrit : «… nous sommes enfants de Dieu et cohéritiers du Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui. » ? Romains 8 : 17/18
– Et l’apôtre Pierre n’a-t-il pas également écrit : «… ne soyez pas surpris, comme d’une chose étrange qui vous arrive, de la fournaise qui est au milieu de vous pour vous éprouver. Réjouissez vous, au contraire, de la part que vous avez aux souffrances de Christ… » 1 Pierre 2 : 19/21 4 : 12/19
Comment ne pas être surpris de souffrir pour Christ ?
Le Dr Millen, l’auteur de « Maladie ou santé à votre choix », raconte qu’en 1940, lors de la guerre de Corée, plus de 30 000 soldats furent prisonniers. Et bien qu’ils furent nourris convenablement, la plupart regardaient dans le vide, devinrent apathiques, ne s’intéressaient à rien, perdirent l’appétit et 8000 d’entre eux moururent, privés d’espoir, d’affection et de réconfort, car, la seule vision qu’ils plaçaient dans leur esprit était la boue de leur condition carcérale.
Mais, le Dr Millen raconte aussi l’histoire d’un autre prisonnier qui fut enfermé, des années dans une prison, par les autorités japonaises, à cause de sa foi au Christ. Ce croyant fut placé dans une cellule froide, humide, inconfortable et mal nourri. Et malgré ces conditions lamentables, ce croyant ne mourut pas comme les autres prisonniers, car au lieu de regarder la boue de sa condition, il regardait les étoiles du ciel.
Son esprit fut donc en mesure d’être non seulement fortifié pour tenir bon, malgré sa condition carcérale, mais il fut en mesure de recevoir les plans du Seigneur, pour la construction d’une école biblique, qu’il réalisa à sa sortie de prison. Mais, pendant ses longues années de galère et de souffrance pour la cause du Christ, il fut fortifié par l’Esprit-Saint, recevant l’espoir, le réconfort et toute l’affection du Seigneur dont il avait besoin, pour tenir ferme au sein de la fournaise de ses épreuves.
Ce qui permit à cet homme de ne jamais perdre espoir, ni d’être mécontent de son sort, ni de se plaindre, ni de gémir ou de sombrer dans la pitié de soi ; c’est la vision mentale du ciel qu’il avait entretenue, pendant toutes ses années carcérales.
L’expérience de l’apôtre Paul
« Je parle en homme qui extravague. Je le suis plus encore : par les travaux, bien plus ; par les coups, bien plus ; par les emprisonnements, bien plus. Souvent en danger de mort, cinq fois j’ai reçu des Juifs quarante coups moins un, trois fois j’ai été battu de verges, une fois j’ai été lapidé, trois fois j’ai fait naufrage, j’ai passé un jour et une nuit dans l’abîme.
Fréquemment en voyage, j’ai été en péril sur les fleuves, en péril de la part des brigands, en péril de la part de ceux de ma nation, en péril de la part des païens, en péril dans les villes, en péril dans les déserts, en péril sur la mer, en péril parmi les faux frères. J’ai été dans le travail et dans la peine, exposé à de nombreuses veilles, à la faim et à la soif, à des jeûnes multipliés, au froid et à la nudité. Et, sans parler d’autres choses, je suis assiégé chaque jour par les soucis que me donnent toutes les Eglises ». 2 Corinthiens 11 : 24/28
Quand nous lisons le tableau que Paul nous fait d’une partie de sa vie de souffrances, pour la cause de Christ, nous sommes en droit de nous demander quel fut le secret qui l’empêcha de se plaindre, de gémir et de manifester un certain mécontentement pour toutes ses situations inconfortables. Dans une de ses lettres, il osera même affirmer : « Je puis tout par celui qui me fortifie ». Philippiens 4 : 13
Quel était donc son secret ?
Il s’était mentalement préparé, car il connaissait les paroles de Jésus, concernant la vocation du disciple. Il a utilisé le pouvoir de son imagination, pour implanter, en lui, la vision des réalités spirituelles qui pouvaient lui procurer la force de tenir bon. Il ne se voyait pas comme un disciple supérieur à son Seigneur, mais plutôt comme un disciple lié au même sort que son Seigneur. Il se voyait donc comme une brebis, destinée à la boucherie, comme un condamné portant sa Croix, ou encore comme un sacrifice vivant, prêt à donner sa vie, afin que les autres vivent. « Ainsi la mort agit en nous, dira-t-il, afin que la vie agisse en vous ». 2 Corinthiens 4 : 12
Paul estimait que les souffrances du temps présent (les difficultés en tous genres liées à sa vocation de disciple) ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui allait être révélée en chaque chrétien. Romains 8 : 18
Alors quand les difficultés liées à sa vocation d’apôtre du Christ commencèrent à apparaître dans son ministère, il n’en fut pas surpris, ni déstabilisé, car il s’était mentalement préparé, sachant que toutes les souffrances, conformes à la volonté de Dieu, n’avaient aucun pouvoir pour le séparer de l’amour de son Dieu. Romains 8 : 37/39
Epilogue
Voir l’invisible n’est donc pas une utopie, mais la manière d’être des enfants de Dieu, selon qu’il est écrit : « soyez les imitateurs du Seigneur ». Or comment Dieu nous voit-il aujourd’hui, nous qui avons cru en l’œuvre de la Croix ? « Comme des pécheurs souillés et perdus ? Comme des égocentriques rebelles ? Comme des êtres vils et inutiles à sa gloire ? »
Non ! Mille fois non, car d’après les Saintes Ecritures, Dieu a une tout autre vision de nous. Il nous voit comme pardonnés, comme réconciliés avec Lui, comme délivrés de la seconde mort, comme justes et saints de position, comme affranchis du royaume du mal et comme déjà glorifiés en Jésus-Christ. Bien plus, Il nous voit comme des êtres de grande valeur, ayant pour vocation à devenir la future épouse de son Fils, appelés à partager avec Lui son héritage céleste, son règne et sa gloire éternelle.
Imprégné d’une telle vision, Il ne nous considère plus comme des vases vils et inutiles, mais comme ses enfants, ses amis et ses collaborateurs.
Si donc notre Père nous voit de toutes ces manières, pourquoi ne l’imiterions-nous pas en nous voyant désormais, non plus comme nous sommes dans ce corps de chair et de sang, mais comme nous sommes vraiment en Jésus-Christ ?
Apprenons donc à chercher les choses d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu, et à nous affectionner aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre. Car, c’est en visionnant dans notre imagination ce que nous sommes en Christ que ces choses divines, (ces réalités spirituelles), se matérialiseront dans chacune de nos vies, même si nous constatons le fossé qui existe encore entre la réalité immatérielle et la réalité temporelle. Colossiens 3 : 1/4
Que le Saint-Esprit vous bénisse tous !
Pasteur Joël Loubiat
Bibliographie
– La Sainte Bible avec les commentaires de John MacArthur
– Les commentaires du Nouveau Testament de John MacArthur
– « Encyclopédie des difficultés bibliques » de A. Kuen
– Commentaires de la Lettre aux Romains de F. Godet
– La Bible Online des Editions Clé
– Les Dictionnaires grecs de A. Bailly et de V. Magnien – M. Lacroix et de Maurice Carrez et François Morel
– « La loi de la foi » de Norman Crubb
– « Impact de foi » de Patrick Fontaine
– « Maladie ou santé à votre choix » du Dr Mc Millen
– « L’équilibre psychologique du chrétien » de Jacques Poujol
Actes 6 versets 1 à 6
« En ce temps–là, le nombre des disciples augmentant, les Hellénistes murmurèrent contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées dans la distribution qui se faisait chaque jour. Les douze convoquèrent la multitude des disciples, et dirent : Il n’est pas convenable que nous laissions la parole de Dieu pour servir aux tables. C’est pourquoi, frères, choisissez parmi vous sept hommes, de qui l’on rende un bon témoignage, qui soient pleins d’Esprit–Saint et de sagesse, et que nous chargerons de cet emploi.
Et nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de la parole. Cette proposition plut à toute l’assemblée. Ils élurent Etienne, homme plein de foi et d’Esprit–Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas, et Nicolas, prosélyte d’Antioche. Ils les présentèrent aux apôtres, qui, après avoir prié, leur imposèrent les mains. »
« Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas la même fonction, ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres. Puisque nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a été accordée, que celui qui a le don de prophétie l’exerce selon l’analogie de la foi ; que celui qui est appelé au ministère s’attache à son ministère ; que celui qui enseigne s’attache à son enseignement, et celui qui exhorte à l’exhortation. Que celui qui donne le fasse avec libéralité ; que celui qui préside le fasse avec zèle ; que celui qui pratique la miséricorde le fasse avec joie. » Romains 12 : 4/8
« Que chacun demeure dans l’état où il était lorsqu’il a été appelé. As–tu été appelé étant esclave, ne t’en inquiète pas ; mais si tu peux devenir libre, profites–en plutôt. Car l’esclave qui a été appelé dans le Seigneur est un affranchi du Seigneur ; de même, l’homme libre qui a été appelé est un esclave de Christ. Vous avez été rachetés à un grand prix ; ne devenez pas esclaves des hommes. Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l’état où il était lorsqu’il a été appelé. » 1 Corinthiens 7 : 20/24
Savez-vous que la plupart des chrétiens pensent que le « ministère » concerne uniquement les fonctions ecclésiastiques d’apôtre (missionnaire), d’évangéliste, de prophète ou de pasteur/docteur (enseignant) ? Ephésiens 4 : 7/16
Cette compréhension des choses crée inévitablement un malentendu et met une barrière entre ceux qui exercent un service spirituel pour Dieu, et les autres croyants. Malheureusement, l’Eglise du Christ s’est édifiée au fil des siècles, d’après cette forme pyramidale où ceux qui sont appelés au ministère forment un groupe à part des laïcs.
Il n’est pas étonnant que plusieurs regardent le « ministère des chrétiens » comme étant inaccessible pour eux. Ne sont-ils pas nombreux les croyants qui ne peuvent donner plusieurs années aux études théologiques, tandis que d’autres sont liés par des contraintes professionnelles ou des responsabilités familiales ? Tous ces chrétiens-là, sont-ils pour autant inaptes à exercer un « ministère » dans l’œuvre de Dieu ? Non ! Mille fois non, car la Bible nous montre que parmi le peuple chrétien, peu ont été des érudits comme l’apôtre Paul : « Considérez, frères, que parmi vous qui avez été appelés, il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles…» 1 Corinthiens 1 : 19/31
La plupart des chrétiens du 1er siècle n’avaient pas plus de bagages théologiques que n’en avaient les apôtres Pierre et Jean. « Lorsqu’ils virent l’assurance de Pierre et de Jean, ils furent étonnés, sachant que c’étaient des hommes du peuple sans instruction… » Actes 4 : 13
Nous allons donc analyser nos trois textes de référence et comprendre que l’appel au « ministère » est ouvert à tous les chrétiens sans exception.
1) Notre préparation à un service pour le Seigneur a commencé dès notre conception
Faites-vous partie de ceux qui pensent que leur vie n’a réellement commencé qu’au moment de leur conversion à Jésus-Christ ? Que ce que vous avez appris et fait avant votre rencontre avec le Seigneur Jésus ne compte pas, et doit être regardé comme de la boue, voire être rejeté comme une expérience vaine et inutile ?
Mais cette manière de voir les choses est-elle vraiment juste et conforme à ce que dit la Bible ?
Si quelque chose doit effectivement être rejeté à jamais de notre existence, c’est bien notre passé de désobéissance, de révolte, de péché et d’affinité avec le royaume des ténèbres. Mais nous n’avons certainement pas à renier tout ce que nous avons appris ou fait avant de connaître le Seigneur. Si, comme le dit Paul, Dieu nous a connus avant notre conception, s’il a inscrit dans son livre tous les jours qui nous étaient destinés et s’il a déterminé à l’avance que toutes choses devaient concourir à notre bien, alors le Seigneur a certainement veillé sur cette parenthèse de notre existence, c’est-à-dire de notre conception, jusqu’à notre nouvelle naissance. Prenons quelques exemples.
a) Regardez la vie de Moïse avant qu’il ne soit appelé à devenir le grand chef d’Israël. Dieu n’a-t-il pas conduit par sa providence sa jeune vie menacée de mort, jusqu’au palais du Pharaon, lui permettant ainsi d’être élevé dans toute la sagesse de l’Egypte ? Pendant 40 années, Moïse fut préparé à devenir un puissant leader intelligent et cultivé, capable de diriger plus de deux millions de personnes, jusque dans le pays promis. Même lors de cet épisode tragique où Moïse dut s’enfuir d’Egypte, pour garder les troupeaux de son beau père, le Seigneur se servit de 40 années supplémentaires pour lui permettre d’acquérir toutes les qualités d’un bon berger, afin de paître son peuple.
Quand Moïse devint le libérateur d’Israël, a-t-il renié son éducation passée à la cour de l’Egypte, et sa période de gardien de troupeaux ? Non ! Ce qu’il a regardé comme de la boue et rejeté loin de lui, nous dit la Parole de Dieu, c’est la gloire et les trésors de l’Egypte et non ces deux périodes de formation. Hébreux 11 : 23/26
b) Nous avons le même témoignage en ce qui concerne Saul de Tarse, le futur apôtre Paul. Avant que le St-Esprit ne le mette à part pour qu’il devienne l’apôtre des païens et un puissant témoin devant les rois de la terre, le Seigneur oeuvra en lui, dès son enfance. Il dirigea son éducation pour qu’il fût en mesure de prêcher l’Evangile devant les plus grands monarques de son temps. Aux pieds de Gamaliel, ses facultés intellectuelles et analytiques se développèrent, lui permettant de saisir mieux que quiconque l’esprit de la loi juive. C’est pourquoi le Saint apôtre reconnaîtra que le Seigneur l’avait mis à part, dès le sein de sa mère. Galates 1 : 15
c) Prenons encore pour exemple les artisans qui furent appelés à construire le tabernacle de Dieu dans le désert, afin qu’Israël puisse exercer le culte lévitique. Il est dit au sujet de ces hommes qu’ils furent remplis du St-Esprit pour exécuter tous ces ouvrages divins. Exode 31 : 1/11 35 : 30/35 36 : 1/3
De tels artisans ne furent pas qualifiés pour ce travail comme par magie. Non ! Ils avaient appris depuis longtemps (vraisemblablement en Egypte), l’art de maîtriser le bois, le bitume, l’or, l’airain, les étoffes ou les pierres précieuses.
Le Saint-Esprit ne fit que sanctifier (consacrer) ces hommes, avec tous leurs talents naturels, au service de Dieu, afin de reproduire fidèlement le tabernacle que Moïse avait reçu par révélation, sur la montagne du Sinaï. Exode 25 : 1/40
Nous pouvons dire sans exagérer, que toutes les grandes figures de l’Ancien Testament, comme celles du Nouveau Testament, avaient été préparées à un service pour Dieu, dès leur conception. Il doit nécessairement en être de même pour nous, chrétiens de la Nouvelle Alliance. Le Seigneur n’a pas seulement vu et planifié à l’avance tous les évènements de notre vie. Il a aussi œuvré à travers notre éducation, nos aspirations, nos préférences, nos goûts, nos études ou notre formation professionnelle, dans le but de nous préparer à exercer dans son Eglise un service (un ministère) à sa gloire.
C’est dans cette optique que nous pouvons comprendre les paroles que Paul donna aux Corinthiens : « que chacun demeure devant Dieu dans l’état (ou la condition) où il était lorsqu’il a été appelé ». Avons-nous reçu une formation intellectuelle, scientifique, politique, sociale, sportive ou autre ?… Ou nous nous sommes plutôt tournés vers un travail manuel, artisanal, agricole ?… Ou encore nous nous sommes tournés vers les arts, la musique, le théâtre, la comédie ? … Nous n’avons donc pas le droit de rejeter ce que nous avons appris, sous prétexte que les choses anciennes sont passées et que toutes choses sont devenues nouvelles. Car notre passé a autant de valeur pour Dieu que notre personnalité, car il fait partie du tissu dans lequel nous avons été façonnés ; puis Dieu le sanctifie pour un « service » utile dans son Eglise.
Il est évident que ce que Paul affirme ici n’est pas une loi absolue, dit John MacArthur, car lui-même, après sa conversion, n’est pas resté un adepte de la religion pharisaïque. Il dira d’ailleurs que, si l’occasion se présente pour un esclave de retrouver la liberté, qu’il en profite plutôt. Mais en quittant la secte des Pharisiens, Paul ne renia pas pour autant son éducation passée. 1 Corinthiens 7 : 21
Ce que l’apôtre des nations a donc voulu rappeler à l’Eglise Corinthienne, c’est que personne n’a le droit de tirer un trait sur son éducation passée. Car en venant à Christ, chaque chrétien est autant consacré comme prêtre avec son éducation et ses talents naturels, que ceux qui exercent une fonction ecclésiastique avec des dons spirituels. Apocalypse 1 : 5/6
Chaque fois que les chrétiens mettent une ligne de démarcation entre ceux qui servent Dieu dans un ministère particulier (pasteur, docteur, évangéliste, prophète, anciens) et ceux qui exercent une simple activité dans l’église, ils ouvrent la porte à l’élitisme, considérant certaines vocations comme supérieures aux autres.
John Stott dira dans un de ses ouvrages, que les réformateurs se sont élevés en faux contre le dualisme médiéval de l’époque, qui faisait une nette différence entre une activité sacrée et une activité séculière. Pierre, lors de sa première prédication, rappellera que le temps était venu où l’Esprit de Dieu serait répandu sur tous les croyants, sans distinction de sexe. Actes 2 : 1/18
2) Nous sommes donc tous appelés non au ministère, mais à un ministère (service)
En fait, le mot « ministère » (diakonia, en grec), selon son étymologie, aurait dû être traduit par « celui qui s’empresse pour accomplir un service ». Dans le passage des Actes des Apôtres que nous avons cité au début de cette étude, les actions de servir aux tables, comme d’annoncer la Parole sont considérées comme des « services » pour le Seigneur. Voici ce que John Stott a dit sur ce passage :
« Les deux tâches étaient des ministères chrétiens, qui pouvaient l’être à plein temps, et nécessitaient des gens remplis de l’Esprit pour s’en acquitter. La seule différence entre les deux services, c’est que l’un était pastoral, l’autre social. Mais il est faux d’affirmer que l’un était un ministère, l’autre pas, ou que l’un était spirituel, l’autre matériel, ou que l’un était supérieur à l’autre. La réalité était la suivante : Jésus-Christ avait appelé les douze au service de la Parole et les sept au service des tables »
Tous appelés à un ministère, mêmes les femmes ?
Voilà une question qui a fait couler beaucoup d’encre et qui est encore sujet à controverses. Mais pourtant, le mot « service » (diakonia) vient de « diakonos » qui en grec est un masculin/féminin. Le St-Esprit a donc choisi ce mot pour montrer que l’accès à un ministère/service dans le corps du Christ (l’Eglise) est ouvert, aussi bien aux hommes qu’aux femmes. La Bible présente d’ailleurs une palette de femmes remarquables, ayant exercé un ministère/service pour le Seigneur à l’exemple d’Eve, Déborah, Esther, Ruth et Sara…
Et le Nouveau Testament n’est pas en reste avec Phoebé qui était diaconesse de l’Eglise de Cenchrées ; Prisca qui exerçait le service de la Parole avec son mari Aquilas avec l’approbation de Paul ; Tryphène et Tryphose qui travaillaient pour le Seigneur ; Lydie, marchande de pourpres, Dorcas (ou Tabitha) qui exerçait un service pour Dieu, en faisant des tuniques et des vêtements pour les pauvres de l’Eglise. Actes 9 : 36/43 Romains 16 : 1/3 – 12
Luc parle de Jeanne, Susanne et d’autres femmes aisées qui assistaient Jésus, avec leurs biens matériels. Le Saint-Esprit n’a pas utilisé n’importe quel mot, pour désigner cette activité, car le verbe « assister » (diakonéô) signifie littéralement : accomplir avec empressement un service (un ministère) auprès de Jésus. Luc 8: 3
Si donc, nous possédons l’aptitude à prophétiser, à enseigner, à exhorter, à donner (dans le sens de générosité), à visiter (cette miséricorde qui se dévoue auprès des malades, des affligés, des pauvres, des prisonniers…), à présider (littéralement : être à la tête) soit d’une œuvre (internat, orphelinat, école, hôpital, foyer, maison de retraite, œuvres missionnaires, radio, télévision, librairie…), soit d’une entreprise…, toutes ces aptitudes naturelles, à la conversion, l’Esprit de Dieu les sanctifie et les consacre en vue d’un ministère/service pour le corps du Christ. Romains 12 : 3/8 Ephésiens 4 : 8/16 1 Pierre 4 : 10/11
3) La bonne manière d’exercer son ministère/service dans l’église locale
Après ce que nous venons de dire, certains pourraient s’imaginer qu’ils peuvent s’imposer à tout moment dans la communauté, en raison de leurs aptitudes dans tel ou tel domaine. Mais, si Dieu sanctifie effectivement, par son Esprit, les talents naturels des chrétiens, il est aussi un Dieu d’ordre qui a établi des règles précises, à l’égard de ceux et celles qui veulent exercer leur ministère/service, au sein de son Corps ou dans une église locale.
a) Personne ne peut mettre en œuvre ses dons naturels dans une communauté, sans être auparavant entièrement consacré au Seigneur et à sa cause. Car ce qui importe le plus pour lui, c’est moins ce que nous faisons, que ce que nous devons être. Matthieu 7 : 21/23
C’est pour cela que les églises locales doivent éprouver tous les candidats à un ministère/service : « Qu’on les éprouve d’abord, et qu’ils exercent ensuite leur ministère… », dit l’apôtre Paul. 1 Timothée 3 : 10
Le verbe « éprouver » (dokimazô en grec) est un terme très fort, car il signifie littéralement : juger bon (apte) un candidat, après un examen minutieux, d’où « approuvé après avoir été éprouvé ». Comment les églises pourraient-elles laisser quelqu’un travailler en son sein, sans connaître sa moralité et sa façon de se comporter hors de la communauté ? Le futur candidat est-il moralement droit ? Est-il sans reproche, ni accusé de quoi que ce soit ? Est-il marié ou divorcé selon les critères bibliques ? Est-il en conflit avec les autorités civiles ? A-t-il de bons rapports avec les autres églises et les autres pasteurs ?… Toutes ces choses sont importantes, pour pouvoir autoriser quelqu’un à exercer un ministère/service au sein de la communauté.
Certains critères moraux sont donc exigés comme l’enseignent les apôtres Paul et Pierre. 1 Timothée 3 : 1/13 Tite 1 : 5/9 1 Pierre 5 : 1/4
Oui, ce que nous devons être est plus important que ce que nous faisons
b) Ceux et celles qui veulent exercer un service local doivent aussi être remplis du Saint-Esprit, comme ce fut le cas pour les sept diacres qui servirent aux tables. C’est certainement en vue de servir efficacement l’Eglise naissante que le Saint-Esprit a rempli 120 personnes, le jour de la Pentecôte. En effet, nous apprenons que la multitude des âmes converties, se réunissait, chaque jour, dans le temple et dans les maisons. Les cent vingt croyants, pleins d’Esprit-Saint, furent qualifiés pour encadrer 25 à 30 personnes, dans 120 petits groupes différents. Actes 2 : 1/4 – 17/18 – 46/47
Mais, le remplissage spirituel va beaucoup plus loin que le simple « parler en langues » ; Il est synonyme d’être plein de la Parole du Christ et donc apte à enseigner aux autres l’Evangile, selon Jésus-Christ. Colossiens 3 : 16/17 Hébreux 5 : 12/14
c) Quel que soit le service à accomplir dans la communauté chrétienne, l’homme ou la femme doit posséder une vision claire de ce qu’est « la communion fraternelle ». En effet, cette communion va beaucoup plus loin qu’une simple rencontre, autour d’une tasse de café avec des petits gâteaux. La communion fraternelle (koinonia en grec) est un « partage en commun », un moyen de grandir dans la grâce divine, où chacun donne et reçoit des autres, édifie et se laisse édifier, aide et se laisse aider.
Comment une personne suffisante, autocrate, dissimulatrice, orgueilleuse, dominatrice ou exclusive pourrait-elle exercer un service efficace, au sein d’une église ? Pour vivre une authentique communion fraternelle, il est impératif de posséder une foi et un amour sans hypocrisie (sans masques, sans feintes). Romains 12 : 9 1 Timothée 1 : 5
d) L’esprit de soumission aux autorités spirituelles en place est encore une qualité spirituelle, recommandée pour être apte à exercer un ministère/service dans une église locale. Quand les apôtres Paul et Barnabas furent appelés par le St-Esprit à une œuvre spéciale pour le Seigneur, ils acceptèrent néanmoins de soumettre leur appel à l’appréciation et aux décisions des anciens de l’église d’Antioche à laquelle ils étaient rattachés, comme membres. Actes 13 : 1/3
e) Ceux et celles qui veulent exercer un ministère/service doivent encore accepter d’être contrôlés par l’ensemble de la communauté, comme ce fut le cas pour les sept diacres. Puisque c’est la multitude des disciples qui désigna les hommes aptes à accomplir cette tâche, cette même multitude avait donc un droit de regard sur eux.
Quiconque refuse de se laisser contrôler par les autres membres de la communauté, ne possède pas la qualité requise pour servir le Seigneur. Actes 6 : 1/6
Epilogue
L’expression que nous avons employée comme titre de ce message : « Tous appelés à un service ou à un ministère. » n’est donc pas une utopie, mais bien une réalité biblique pour tous les membres appartenant au corps du Christ (l’Eglise). Notre service peut donc s’effectuer dans deux directions.
– Soit au sein d’une église locale, comme nous l’avons démontré dans cette étude.
– Soit au sein de la société des hommes, comme Paul l’enseigne dans sa lettre aux Romains.
En effet, le saint apôtre de Jésus déclare qu’un fonctionnaire de l’Etat, qu’il soit président, ministre, législateur, magistrat, militaire ou policier… est tout autant un serviteur de Dieu que ceux et celles qui servent le Seigneur au sein de son Eglise. « Il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées par Dieu… Car les magistrats sont des ministres de Dieu, entièrement appliqués à cette fonction. Rendez à tous ce qui lui est dû : l’impôt à qui vous devez l’impôt, le tribut à qui vous devez le tribut, la crainte à qui vous devez la crainte, l’honneur à qui vous devez l’honneur. » Romains 13 : 1/7
Un projet de reconquête
Nous pouvons donc en déduire que le monde dans lequel nous nous trouvons a besoin de voir et d’entendre la voix de l’Eglise. Car le diable a réussi à pénétrer dans tous les rouages des institutions humaines, polluant la science, la recherche, la médecine, les arts, l’enseignement, la politique, les finances… et bien d’autres choses. Les chrétiens contemporains ne pourraient-ils pas reconquérir tous ces territoires pollués, en devenant présidents d’œuvres sociales ou caritatives ? Professeurs et directeurs d’écoles, de collèges ou de facultés ? Chefs de l’Etat, députés, maires, conseillers municipal ou départemental ? Journalistes, avocats, juristes, banquiers, financiers, économistes, chercheurs, astronomes, médecins, chirurgiens, artistes, comédiens, acteurs, producteurs de films… ?
Ce qui doit nous encourager dans cette voie de reconquête, c’est la prière que Jésus adressa à son Père lui demandant, non d’ôter ses disciples du monde, mais de les protéger du mal. En obéissant à l’œuvre missionnaire de faire de toutes les nations des disciples, n’oublions jamais que nous sommes citoyens de la terre, et que ce monde a plus que jamais besoin d’être éclairé et d’avoir soif de venir au Christ Jésus, car, « nous sommes le sel et la lumière du monde ». Matthieu 5 : 13/16 Phillipiens 2 : 15 1 Pierre 2 : 12
Que le Seigneur de grâce vous bénisse tous !
Pasteur Joël Loubiat
Bibliographie :
– La Sainte Bible avec les commentaires de John Mac-Arthur
– La Bible Online des Editions Clé avec les divers commentaires associés
– Les dictionnaires grec/français de A. Bailly et V. Magnien-M. Lacroix
– L’encyclopédie des difficultés bibliques de A. Kuen
– Le chrétien à l’aube du XXIe siècle de John Stott
– Commentaire de la lettre aux Romains de F. Godet
– Commentaire de la première lettre aux Corinthiens de F. Godet
– Les mots en question de James Packer
Genèse 32 : 24/32
« Jacob demeura seul. Alors un homme lutta avec lui jusqu’au lever de l’aurore. Voyant qu’il ne pouvait le vaincre, cet homme le frappa à l’emboîture de la hanche ; et l’emboîture de la hanche de Jacob se démit pendant qu’il luttait avec lui. Il dit : Laisse-moi aller, car l’aurore se lève. Et Jacob répondit : Je ne te laisserai point aller, que tu ne m’aies béni. Il lui dit : Quel est ton nom ? Et il répondit : Jacob.
Il dit encore : ton nom ne sera plus Jacob, mais tu seras appelé Israël ; car tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu as été vainqueur. Jacob l’interrogea, en disant: Fais-moi je te prie, connaître ton nom. Il répondit : Pourquoi demandes-tu mon nom ? Et il le bénit là. Jacob appela ce lieu du nom de Peniel : car, dit-il, j’ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée.
Le soleil se levait, lorsqu’il passa Peniel. Jacob boitait de la hanche. C’est pourquoi jusqu’à ce jour, les enfants d’Israël ne mangent point le tendon qui est à l’emboîture de la hanche ; car Dieu frappa Jacob à l’emboîture de la hanche, au tendon »
Qui n’a jamais entendu parler de Jacob l’un des grands Patriarches de l’histoire biblique ? Il est connu pour ses fourberies, ses ruses et son esprit calculateur. Mais ceci n’est que l’aspect extérieur du personnage. Jacob est en fait le prototype du croyant dont la personnalité pardonnée, puis restaurée, oscille encore après la conversion entre l’état charnel et l’état spirituel. Je me propose donc de vous montrer quelle fut la pédagogie divine qui amena la personnalité de Jacob (son Moi) du premier état au second.
1) Dieu accepta Jacob malgré son passé
Samuel Pfeifer dans son livre « Entourer les faibles » montre que le passé d’une personne constitue le tissu dont elle est faite. Ainsi, quand un pécheur arrive à la foi chrétienne, il vient à Jésus-Christ, tel qu’il est, c’est à dire avec ses nombreux péchés et souillures, mais aussi avec son vécu, c’est-à-dire (ses fardeaux, ses douleurs, ses souffrances, ses complexes, ses défauts, ses travers, ses faiblesses et parfois ses infirmités congénitales)
Si donc le « tissu » de ses nombreux péchés est définitivement ôté à jamais de sa vie, il n’en est pas ainsi de son « vécu ». Celui-ci n’est pas éradiqué de son être comme par magie, quand il devient une nouvelle créature en Jésus Christ : « si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles ». 2 Corinthiens 5 : 17
Quand Paul a fait cette déclaration « toutes choses sont devenues nouvelles », il a utilisé le parfait grec, temps qui désigne : une action passée pleinement accomplie, mais dont les effets ne cessent de se perpétuer dans le présent.
Paul montre ainsi, que si le vieil homme (le Moi pécheur) a effectivement été crucifié avec Jésus sur la Croix, puis refait par la puissance du St-Esprit, cet homme nouveau en Christ est appelé à se développer et à prendre toute sa place.
Voilà pourquoi l’expérience de Jacob est très instructive pour le peuple chrétien, car elle nous montre comment le Seigneur a su amener, progressivement, la personnalité de ce croyant de l’état charnel à l’état spirituel.
Le passé de Jacob
Comme nous l’avons dit, chaque être à un passé et Jacob, le croyant ne fait pas exception à la règle.
Tout a commencé pour lui le jour de sa naissance. Rebecca, sa mère était enceinte de deux jumeaux. Le premier qui vint au monde fut appelé Esaü, tandis que le second sortit en tenant le talon de son frère, ce qui lui valut le surnom négatif de (celui qui supplante ou usurpe son prochain), surnom qui le poursuivra de longues années, alors que le sens le plus probable de son nom « Jacob » semble être en hébreu : « Que Dieu le protège »
Ceci nous montre bien que le cœur humain est façonné, dès le plus jeune âge par les paroles qu’il entend de son entourage. Répéter à un enfant certaines paroles du genre : « tu es un idiot, un incapable, tu ressembles bien à ton père (ou ta mère), on n’arrivera à rien avec toi, tu ne sais rien faire, on se demande pourquoi tu es venu au monde… » est très préjudiciable à son développement psychologique.
Ce n’est pas par hasard si la Bible déclare que « la vie et la mort sont au pouvoir de la langue, celui qui l’aime en mangera les fruits ». Proverbes 18 : 21
– Puis, en grandissant Jacob fit encore une amère découverte. Il remarqua très vite que son père avait une préférence pour son frère Esaü, ce qui engendra chez lui une grande frustration et certainement de nombreux complexes. Ne sachant où se tourner pour exprimer son désarroi et ses souffrances intérieures, sa mère devint très vite sa confidente, mais alla au-delà de son rôle maternel, puisqu’elle exerça à son égard un amour possessif.
Toutes ces choses altérèrent l’état psychologique de Jacob et créèrent en lui une fausse image
Et bien que Jacob ait foi en Dieu, son passé prit l’ascendant dans son âme. Il entra dans la vie d’adulte avec une âme fragilisée par ses expériences passées. Il adopta des mécanismes d’autodéfense à la fois pour se protéger de son manque de valeur personnelle, mais aussi pour surmonter ses nombreux complexes. Il devint ce qu’on lui avait toujours fait entendre, c’est-à-dire un homme tordu à l’esprit fourbe, calculateur qui contrôle les autres.
Il se mit donc à dominer et à manipuler son petit monde, son frère, son père, sa mère, son oncle et ses femmes.
– C’est ainsi que Jacob manipula son frère pour s’emparer de son droit d’aînesse, en échange d’un plat de lentilles.
– Puis sur le conseil de sa mère, il usurpa la personnalité de son frère pour tromper son père aveugle, afin d’obtenir de lui la bénédiction réservée à l’aîné de la famille.
– Et lorsqu’il s’enfuit chez son oncle Laban (qui devint aussi son beau-père), il passa de longues années à jouer avec lui à qui perd gagne.
De tels mécanismes d’autodéfense se manifestent, à notre époque moderne d’une foule de manières, chez des êtres en souffrance. Certains se jettent à corps perdu dans le travail, la lecture, la philosophie, l’ésotérisme, la religion ou encore dans certains excès comme le sexe, la gourmandise, la nourriture, l’alcool, les drogues, les dépenses financières, les voyages, les jeux, le sport… Mais tous ces substituts ne sont en fait que des protections, face aux divers fardeaux de la vie.
Quel était le problème de Jacob ?
Bien qu’il fût un croyant, Jacob s’était installé comme une victime sans défense de son passé. Et en adoptant cette position de vie, il ne s’apercevait pas qu’il était en fait l’acteur de son propre malheur, comme celui de son entourage.
Chers lecteurs chrétiens, vous vous êtes peut-être reconnus dans cette psychanalyse de la personnalité de Jacob ? Vous avez peut-être, comme lui, vécu une enfance difficile ou une adolescence perturbée, et vous avez développé des stratégies psychologiques, pour vous protéger à la fois de ce passé douloureux et d’une mauvaise image de vous-même ? Et comme Jacob, vous faites souffrir votre entourage ainsi que vous-même, en vous installant dans la position d’une victime de votre passé, oubliant que vous êtes, en fait, l’artisan de votre propre malheur présent ?
Si tel est le cas, alors ne perdez pas courage, car la suite de l’histoire de Jacob est très encourageante pour vous.
2) Dieu accepta Jacob, tel qu’il était
A la différence de son frère Esaü qui était plutôt un homme des champs préférant la nature et la bonne nourriture, Jacob aimait Dieu et connaissait la promesse divine faite à sa mère : « l’aîné sera assujetti au plus jeune ». Genèse 25 : 22/23
Mais, sa personnalité était engluée par le « tissu » de son passé, il développa un autre travers que nous retrouvons souvent, parmi les chrétiens en souffrance. Il prit les choses en mains, pensant qu’il devait accomplir, par lui-même, la promesse divine reçue à sa naissance.
a) Ce mauvais trait de caractère était déjà en germe, lorsqu’il sortit du ventre de sa mère en tenant le talon de son frère, ce qui, par analogie verbale, signifie : chercher à arrêter l’autre, à le faire tomber pour prendre sa place (voir l’encyclopédie des difficultés bibliques)
b) En grandissant, ce travers se développa et s’imposa à lui, comme la philosophie du « je peux tout faire par moi-même ». C’est donc animé de cet état d’esprit d’indépendance qu’il trompa, sur le conseil de sa mère, son vieux père aveugle, pour accomplir, par lui-même, la prophétie divine le concernant : « l’aîné sera assujetti au plus jeune ». Genèse 27 : 1/29
c) Cet état d’esprit se révéla jusque dans sa vie de prière. En effet, après avoir demandé à Dieu de le sauver de la main de son frère qui venait se venger de lui et certainement pour le tuer, il prit l’initiative d’accomplir, lui-même, sa propre prière. Pris de panique, il divisa en deux camps les gens de sa famille et offrit à son frère, dans l’intention de l’apaiser, une partie de son cheptel (580 têtes de bétail). Genèse 32 : 9/12-13/23
Chers lecteurs chrétiens, combien il est réconfortant de savoir que nous avons un Dieu qui nous aime d’un amour inconditionnel et durable, indépendamment de notre « tissu » passé.
Si donc vous vous retrouvez encore dans cette psychanalyse de la vie de Jacob, alors ne vous découragez pas, car si Dieu aima Jacob malgré sa mauvaise image de lui-même et son esprit d’indépendance, Il vous aime également du même amour. Et comme l’a si bien dit un serviteur du Seigneur : « Si Dieu nous aime, tels que nous sommes, Il nous aime trop pour nous laisser tels que nous sommes ».
Pendant de longues années (environ 21 ans), le Seigneur laissa Jacob aller au bout de son bout (sans l’abandonner), avant de le conduire au gué de Jabbok où, là il le fit passer par une épreuve bénéfique qui vida sa personnalité du « tissu » dans lequel elle était engluée. Il est intéressant de noter que Jabbok signifie en hébreu : « celui qui se vide ».
3) La rencontre au gué de Jabbok
Le verset 24 dit : « Jacob demeura seul ». Or cette phrase est plus importante que nous pouvons le penser, car c’est en cet instant que la personnalité de Jacob entra pleinement dans l’état spirituel. Tant qu’il lui restait assez d’énergie pour prendre les choses en mains et n’en faire qu’à sa tête, Dieu ne pouvait atteindre son objectif d’amour envers lui. Mais maintenant il est seul face à lui-même, las de ses échecs répétés, prêt à laisser le Seigneur régner en lui et de surcroît le guérir de son passé.
Cette rencontre avec Dieu au gué de Jabbok renferme deux précieuses vérités.
a) C’est d’abord Dieu qui prit l’initiative de lutter avec Jacob. Le patriarche fut tellement impressionné par cette rencontre, qu’il donnera à ce lieu le nom de « Peniel » qui signifie littéralement : j’ai vu la face ou le visage de Dieu.
Mais dans cette lutte pour affranchir la personnalité blessée et indépendante de Jacob, le Seigneur dut lutter jusqu’au matin. Mais, il triompha de lui en le touchant à l’emboîture de la hanche, ce qui, dans le symbolisme biblique signifie : « briser l’esprit d’indépendance ».
– Nous voyons que cette personnalité croyante, incapable de passer de l’état charnel à l’état spirituel, par elle-même, est maintenant terrassée, vaincue et anéantie. Le vieux Jacob qui avait, toute sa vie, triomphé des hommes et lutté si longtemps contre l’Esprit de Dieu, est maintenant plaqué à terre, recevant le coup mortel qui le détrône. C’est pourquoi, Dieu donnera à Jacob le nom d’« ISRAËL » qui sera désormais attaché pour toujours à sa personnalité, comme une force libératrice et un puissant soutien pour les moments difficiles.
De nombreuses définitions ont été données au mot Israël (vainqueur ou Prince de Dieu) mais il semble plus logique d’après le contexte de notre passage et en raison de la forme hébraïque de sa racine, de considérer ce mot sous deux aspects particuliers :
– Celui qui lutte avec l’homme pour reprendre son droit et établir en lui son règne.
– Celui qui lutte avec Dieu pour saisir ses bénédictions et obtenir l’accomplissement de ses promesses.
Le premier sens se rapporte logiquement à Dieu, car Jacob avait lutté et exercé une domination absolue sur sa propre vie, sur son frère Esaü, son père Isaac, sur son oncle Laban et de surcroît sur l’Esprit-Saint. Maintenant, c’est Dieu qui lutte avec lui, pour l’affranchir du pouvoir de la chair et le placer sous le règne de l’Esprit ; « il faut qu’il croisse et que je diminue, disait Jean-Baptiste », « ce n’est plus moi qui vit, c’est Christ qui vit dans (à l’intérieur de) mon Moi, pouvait affirmer Paul ». Jean 3 : 20 Galates 2 : 20
Prenez le temps de lire les chapitres 17 à 21 du livre des Juges, et vous retrouverez cette précieuse vérité clairement enseignée : « en ce temps-là, il n’y avait point de Roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon ». Juges 17 : 6 18 : 1 19 : 1 21 : 25
Dans son livre, « La loi de la foi », Norman Grubb consacre deux chapitres à montrer combien « l’ego non crucifié », chez les grands personnages bibliques, fut une entrave à leur croissance spirituelle.
b) Le second sens du mot « Israël » se rapporte, naturellement, au nouveau Jacob dont la personnalité affranchie de l’esprit d’indépendance et de sa mauvaise image, est capable de pénétrer, maintenant, dans le surnaturel divin et de vivre en nouveauté de vie. Le Jacob/Israël devient capable de lutter avec Dieu (et non contre Dieu), avec une foi sans hypocrisie, pour mener à bien le véritable combat de la foi. Genèse 32 : 26 Osée 12 : 4
Jacob/Israël va réclamer et recevoir deux choses
– Il va d’abord réclamer l’accomplissement de la promesse faite à sa naissance : « Je ne te laisserai point aller que tu ne m’aies béni ». La nation juive héritera de cette bénédiction et portera à perpétuité ce nom glorieux, afin qu’elle se souvienne que ce n’est ni par la force, ni par le pouvoir (de l’homme) que l’on devient ce que Dieu a promis, mais seulement par l’Esprit du Seigneur. Zacharie 4 : 6
– Puis Jacob réclamera l’anéantissement des projets néfastes de son frère, ainsi que la restauration de relations harmonieuses avec lui. Cette lutte avec son Dieu lui permettra d’obtenir tout ce dont il avait besoin. Voilà le puissant secret de la prière d’intercession.
Epilogue
Quelles sont les leçons spirituelles que les chrétiens contemporains peuvent retirer de cette psychanalyse de la vie de Jacob ?
a) Que le pardon des péchés et la réconciliation avec Dieu ne constituent pas l’ensemble du salut divin, mais seulement une partie.
b) Qu’après que la nature divine leur a été infusée dans leur Moi (leur personnalité), Dieu commence une œuvre bénie, pour dégager cette dernière du « tissu » dont le passé les a façonnés et dans lequel elle est encore engluée même après la conversion, empêchant les chrétiens de vivre pleinement dans l’état spirituel.
c) Que le Seigneur persistera le temps qu’il faudra, avec un amour persistant et une patience sans limite, pour atteindre son objectif, à savoir, conduire le chrétien né de nouveau jusqu’au « gué de Jabbok », afin de le vider de son état d’esclave, pour faire de lui, un être pleinement libre.
d) Qu’une fois devenu « l’Israël » selon l’Esprit, le chrétien sera capable de marcher « en nouveauté de vie », où l’âme et les membres du corps sont au service de l’amour, puis de mener efficacement « le combat de la foi », par lequel il combattra avec son Dieu (et non contre Lui), pour hériter de toutes les bénédictions, attachées à la rédemption du Christ et obtenir les plus précieuses promesses pour la piété et la vie présente.
Que le Dieu d’amour vous bénisse tous
Pasteur Joël Loubiat
Bibliographie
– La Sainte Bible avec les commentaires de John MacArthur
– Les commentaires de la Bible Online
– Les Dictionnaires Grec/ Français de A. Bailly et de V. Magnien-M. Lacroix
– Le Dictionnaire Hébraïque de N. PH. Sander et L. Trenel
– Encyclopédie des difficultés bibliques de A. Kuen
– Approche biblique de la relation d’aide de Lawrence J. Crabb Jr.
– Entourer les faibles de Samuel Pfeifer
– Notre santé mentale de Dr Quentin Hyder
– L’équilibre psychologique du chrétien de Jacques Poujol
– Les conflits de Jacques & Claire Poujol
– La loi de la foi de Norman Crubb
– Appelé à la liberté de John Stott
Marc 11 : 20/26
« Le matin, en passant, les disciples virent le figuier séché jusqu’aux racines. Pierre, se rappelant ce qui s’était passé, dit à Jésus : Rabbi, regarde, le figuier que tu as maudit a séché. Jésus prit la parole, et leur dit : Ayez foi en Dieu. Je vous le dis en vérité, si quelqu’un dit à cette montagne : Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, et s’il ne doute point en son cœur, mais croit que ce qu’il dit arrive, il le verra s’accomplir.
C’est pourquoi je vous dis : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu, et vous le verrez s’accomplir. Et, lorsque vous êtes debout faisant votre prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos offenses. Mais si vous ne pardonnez pas, votre Père qui est dans les cieux ne vous pardonnera pas non plus vos offenses ».
Les trois orientations de la foi
a) Au tout début de la conversion, notre foi se projette dans le passé. Elle regarde en arrière, pour saisir l’œuvre du salut, accomplie une fois pour toutes par Jésus-Christ sur la Croix du calvaire, et ouvrant ainsi à notre âme la porte du pardon, de la justice, de la sainteté et de la vie de l’Esprit. 1 Corinthiens 1 : 30
b) Puis, à l’aube de la vie chrétienne, notre foi nous transporte logiquement dans le futur, où nous attendons avec espérance l’héritage promis, c’est-à-dire la résurrection et la félicité éternelle. 1 Pierre 1 : 4/5
c) Mais de nombreux chrétiens s’arrêtent là, oubliant que leur foi doit s’exercer dans le présent, pour transcender leur quotidien.
C’est cette foi au présent qui nous permet de voir les réalités invisibles, afin de ne jamais perdre courage, face aux difficultés et aux épreuves de l’existence. 2 Corinthiens 4 : 16/18
Par elle, se déploie une vie de consécration et de service à la gloire de Dieu, en construisant avec l’ensemble des autres chrétiens le sacerdoce royal. 1 Pierre 2 : 9/10
– Par elle, est rendue possible une vie de prières intenses pour soi (à l’exemple de la veuve devant le juge inique) et pour les autres (à l’exemple de l’ami importun), allant jusqu’à la lutte avec Dieu pour obtenir les promesses, comme le fit le patriarche Jacob qui disait à Dieu : « Je ne te laisserai point aller que tu ne m’aies béni ». Genèse 32 : 24/28
– C’est toujours cette foi au présent qui nous permettra de marcher dans l’invisible, afin d’aller chercher, auprès du Seigneur, les solutions à tous nos problèmes.
– Mais cette foi au présent, qui transcende notre existence, a aussi le pouvoir de faire descendre le ciel sur la terre, ou plus exactement de matérialiser l’invisible.
Les théologiens sont divisés, quant au sens à accorder à la parole que Jésus adressa à ses disciples, à l’occasion de la malédiction du figuier. Faut-il lire : « Ayez foi en Dieu » ou « Ayez la foi de Dieu » ? En d’autres termes, Jésus enseigna-t-il ses disciples à prier seulement avec confiance, ou à prier avec autorité pour ôter leurs montagnes, puis à Lui faire confiance pour que cette parole de commandement arrive ?
Le contexte de l’épisode du figuier semble nous conduire dans cette seconde interprétation
Les propos de Jésus nous placent donc devant une loi spirituelle très puissante qui remonte aux origines de la création, car il est dit au sujet de la foi au présent : « C’est par la foi que nous reconnaissons que les mondes ont été formés par la Parole de Dieu, en sorte que ce que l’on voit n’a pas été fait de choses visibles ». Hébreux 11 : 3
C’est pourquoi le premier livre de la Bible, « La Genèse », (bereshit en hébreu), signifie littéralement en-tête. Ce titre définit non seulement Dieu comme étant à l’origine de tout ce qui existe, mais aussi toutes les choses matérialisées, demeurant déjà dans l’invisible (dans son esprit), avant qu’elles ne deviennent visibles.
« Car Il parle et la chose arrive, Il ordonne et elle existe… ». «… Dieu appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient ». Psaume 33 : 9 Romains 4 : 17
C’est pourquoi l’apôtre Jean dira, concernant la puissance de la Parole de Dieu (le logos) : « La Parole était au commencement et toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait, n’a été fait sans elle. », dira l’apôtre Jean. Jean 1 : 1/4
Ainsi La Bible, n’étant pas un livre ordinaire, ne doit pas être lue comme un roman, ni comme un exposé philosophique ou doctrinal, mais comme étant le contenu des intentions divines pour l’Homme, dont la plupart ne sont pas encore matérialisées. «… nous sommes bénis de toutes sortes de bénédictions dans les lieux célestes en Jésus Christ ! »
Puisqu’il y a encore pour nous de nombreuses bénédictions spirituelles dans les lieux célestes, nous devons donc savoir comment les faire venir jusqu’à nous. Ephésiens 1 : 3
– A l’époque du Seigneur, un non-juif avait saisi le secret dont nous parlons aujourd’hui, c’est le centenier romain qui venait chercher une bénédiction pour son serviteur malade. Ecoutons ce qu’il dit à Jésus : «… je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ; mais dis seulement un mot et mon serviteur sera guéri ». Cet homme avait donc compris que Jésus pouvait guérir son serviteur sans le voir et sans le toucher, mais en prononçant seulement une parole à distance. Ces propos furent dépeints par le Seigneur comme l’expression d’une grande foi. Matthieu 8 : 8
– Paul avait, lui aussi, comprit ce secret et il l’enseigna à son tour aux chrétiens de Rome. Croire seulement du cœur en la mort de Jésus sur la Croix, leur dira-t-il, ne suffit pas pour jouir du plein salut. Il faut joindre à la foi du cœur, la confession de la bouche, « Car c’est en croyant du cœur que l’on parvient à la justice, et c’est en confessant de sa bouche qu’on parvient au salut, selon ce que dit l’Ecriture : Quiconque croit en lui ne sera point confus ». Romains 10 : 6/11
Le verbe confesser, (homologeo en grec) ne signifie pas « répéter méthodiquement un mot, une phrase ou une formule ». Non ! Il signifie littéralement : dire la même chose que Dieu.
Et pour leur montrer l’effet que produit la parole prononcée, il joint au verbe « confesser » la petite préposition (eis), qui indique le passage d’un lieu dans un autre, montrant aussi le résultat béni qui découle d’une telle confession de foi.
Paul dit en substance : si tu confesses de ta bouche que Jésus est mort et ressuscité pour toi, alors tu permets à ce salut divin de se matérialiser dans tout ton être. En parlant comme ton Dieu, tu fais passer ton âme de la mort éternelle à la vie éternelle, des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à celle de Dieu. Actes 26 : 18 Romains 10 : 9/10
Tant que l’homme ne fait que croire intellectuellement en l’œuvre de Jésus sur la Croix, son cœur n’accède qu’au don de la justice (du pardon). Mais quand il parle et affirme par sa bouche la réalité de ce que Dieu désire pour lui, alors la vie du Christ s’incarne en lui.
Le ciel sur la terre
Un des passages les plus difficiles du Nouveau Testament est peut-être celui où Jésus a dit à ses disciples : « Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié au ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel ». Matthieu 18 : 18
Bien que ce texte se rattache avant tout à la discipline qui doit s’exécuter dans l’Eglise, il contient néanmoins le principe dont nous parlons aujourd’hui, à savoir la matérialisation de l’invisible. La traduction interlinéaire (grec/français) de Maurice Carrez éclaire ce passage en précisant la pensée grecque : « tout ce que vous lierez sur la terre sera, ayant déjà été lié, dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera, ayant déjà été délié, dans le ciel » (participes verbaux au parfait de la voix passive).
Pour saisir plus précisément la pensée du Seigneur, reportons-nous à l’époque où Joseph fut établi premier ministre de Pharaon. « Je t’établis sur ma maison, et tout mon peuple obéira à tes ordres. Le trône seul m’élèvera au-dessus de toi… Je suis Pharaon ! Et sans toi personne ne lèvera la main ni le pied dans tout le pays d’Egypte ». Genèse 41 : 37/44
Dans sa position de premier ministre, Joseph ne donna aucun ordre personnel, mais exécuta avec soumission toutes les volontés du souverain d’Egypte. Il ne pouvait « autoriser ou interdire » certaines choses, que d’après ce qu’il savait être la volonté du grand Pharaon.
Voilà ce que Jésus a voulu leur dire
« Vous ne pourrez prononcer sur la terre des paroles d’interdiction (lier), ni des paroles d’autorisation (délier) que dans la mesure où ces choses existent déjà dans les lieux célestes par ma volonté ».
– Il semble qu’Abraham le père des croyants avait saisi et appliqué dans sa vie cette loi spirituelle. Voyez ce que Paul dit de lui dans sa Lettre aux Romains : « Je t’ai établi père d’un grand nombre de nations (père d’une multitude). Il est notre père devant Celui auquel il crut, Dieu qui donne la vie aux morts et appelle les choses qui ne sont point, comme si elles étaient… Espérant contre toute espérance, il crut, en sorte qu’il devint père d’un grand nombre de nations… Il ne douta point par incrédulité, au sujet de la promesse de Dieu ; mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu… ». Romains 4 : 17/22
Comment les promesses divines se sont-elles matérialisées dans la vie d’Abraham ?
Il parla tout simplement comme Dieu lui avait parlé
Le Seigneur lui avait déclaré qu’il aurait avec sa femme un fils dans sa vieillesse. Et bien, il crut cette promesse divine et il l’a confessa. C’est pourquoi devant ses serviteurs, Abraham prononça la parole de la foi : «… moi et l’enfant nous irons jusqu’à cette montagne pour adorer, et nous reviendrons… ». Genèse 22 : 5
Tous les miracles de l’Ancien Testament reposent sur le même principe
«… regardez la délivrance que l’Éternel va vous accorder… » dira Moïse aux enfants d’Israël terrifiés. Exode 14 : 13
« Poussez des cris, car l’Eternel vous a livré la ville de Jéricho ! » dit Josué. Josué 6 : 16
« Levez vous, car l’Eternel a livré entre vos mains le camp de Madian. » dira Gédéon. Juges 7 : 15
« L’Éternel est vivant, le Dieu d’Israël dont je suis le serviteur ! Il n’y aura ces années-ci, ni rosée ni pluie, sinon à ma parole.» déclara Elie. 1 Rois 17 : 1
Il en fut de même pour les miracles de Jésus
Notre Seigneur s’étant dépouillé de sa gloire, cherchait en Dieu ce qu’il devait faire. C’est pourquoi les foules disaient de Lui : «… jamais homme n’a parlé comme cet homme ». Après avoir saisi la volonté de son Père, il libérait la Parole de la foi. Il parlait à la fièvre, à la mer, au figuier, aux esprits impurs, aux paralytiques, aux lépreux, aux morts et toutes ses paroles se matérialisaient dans la vie des perdus, des possédés et des malades.
Nous pouvons, nous aussi, matérialiser nos bénédictions invisibles
Comment pouvons-nous affirmer cela ? Parce que Jésus nous a donné les clés du royaume des cieux. Or par définition, une clé est faite pour fermer et pour ouvrir une porte. Ayant donc à notre disposition les clés du royaume des cieux, pourquoi ne nous en servirions-nous pas, pour ouvrir les portes des lieux célestes où sont stockées les bénédictions qui nous appartiennent, et qui n’ont pas encore été matérialisées dans nos vies !
Les leçons du figuier
1) Pour pouvoir prononcer la parole de la foi (parler comme Dieu), il faut d’abord connaître les réalités spirituelles qui existent dans le ciel.
Si un parent proche nous lègue un héritage, nous devons nous rendre chez le notaire, afin de prendre connaissance de ce qui est à notre disposition, en écoutant attentivement la lecture du testament de notre cher défunt. Or, il en est de même en ce qui concerne l’héritage spirituel que Jésus nous a laissé. Nous devons prendre le temps de lire, de méditer et d’écouter les prédications, afin de connaître ce qui est réellement à nous. Si nous ne faisons aucun effort pour connaître notre héritage spirituel, nous ressemblerons à cet homme qui persistait à vivre dans la pauvreté, alors qu’il était en possession d’une immense fortune (il avait mis le chèque du notaire dans un cadre).
C’est un peu ce qui se passe pour ceux et celles qui se complaisent dans la foi au passé ou au futur. Au lieu de vivre eux-mêmes des expériences merveilleuses avec leur Dieu, ils vivent comme par procuration, laissant aux autres le soin de prier pour eux et de faire venir sur leur vie les bénédictions divines.
Au temps du prophète Osée, le peuple de Dieu vivait dans une misère spirituelle, soit par manque de connaissance, soit pour avoir rejeté la connaissance reçue.
« Mon peuple est détruit, dit Dieu, parce qu’il lui manque la connaissance. Puisque tu as rejeté la connaissance, Je te rejetterai, et tu seras dépouillé de mon sacerdoce ; » Osée 4 : 6
Si nous sommes dans l’incertitude quant à la volonté de Dieu, nous ne pourrons jamais parler comme Dieu parle, et notre vie demeurera stérile. Mais quand notre esprit prend connaissance de ce que le Christ nous a acquis par sa mort et sa résurrection, alors nous pouvons délier par la Parole toutes les bénédictions qui existent dans le ciel, afin de les matérialiser dans notre vie.
Dans son ouvrage « La loi de la foi », Norman Grubb dit qu’espérer, désirer ou demander ne suffit pas pour être exaucé, car ce que l’on croit vraiment dans notre cœur, doit être exprimé par notre bouche. « La foi est la main de l’esprit. Rien dans le domaine matériel, ne peut s’obtenir et être utilisé en le désirant seulement, ou en l’espérant ou même en le demandant. Il faut le saisir et s’en servir : il en est exactement de même dans le domaine spirituel. Il faut étendre la main et saisir l’aliment ou le livre ; de même, la foi doit s’avancer et saisir les promesses. C’est en prononçant la parole de la foi qu’on manifeste publiquement cette prise de position ».
2) Ensuite nous devons apprendre à utiliser la parole de la foi (à parler comme Dieu)
Quand Jésus dit à ses disciples : « ayez » la foi de Dieu, Il ne leur demande pas de rechercher une foi particulière qui leur permettrait d’ôter les montagnes de leur vie. Non ! Car le verbe « avoir », (echo en grec), signifie littéralement : Porter en soi, c’est-à-dire avoir toujours à sa disposition la foi qui parle comme Dieu.
En disant cela à ses disciples, Jésus montre que la foi est plus qu’une connaissance acquise ou révélée, ou plus qu’une détermination de la volonté. Elle est aussi un langage, une manière de parler et d’affirmer des faits réels.
C’est ce que Paul avait compris « Et, comme nous avons le même esprit de foi qui est exprimé dans cette parole de l’Ecriture : j’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé ! Nous aussi nous croyons, et c’est pour cela que nous parlons… ». 2 Corinthiens 4 : 13
Si donc la foi est aussi un langage, nous devons veiller à la manière dont nous parlons, dit Jacques. Car les mots qui sortent de notre bouche ont le pouvoir d’embraser, en bien ou en mal, tout le cours de notre existence. Jacques 3 : 6/12
N’est-il pas écrit dans le livre des Proverbes ? : « La vie ou la mort sont au pouvoir de la langue ; quiconque l’aime en mangera les fruits. ». « Celui qui veille sur sa bouche et sur sa langue préserve son âme des angoisses. ». Proverbes 18 : 21 21 : 23
Ainsi, croire et confesser ce que l’on croit sont deux actions simultanées, «… car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle. », dira Jésus. Luc 6 : 45
Si notre cœur est rempli de crainte, nous parlerons le langage de la peur ; s’il est rempli d’incertitude, c’est le langage du doute qui s’exprimera. Mais, s’il est plein de la Parole de Dieu, c’est le langage de la foi qui se fera entendre, et les effets dans nos vies seront prodigieux.
Le figuier représentait le peuple d’Israël, en tant que nation stérile pour Dieu. Et Jésus ôta cet obstacle à la progression de la vie spirituelle, pour le remplacer par un autre figuier (l’Eglise) qui allait désormais en porter les fruits, jusqu’aux extrémités de la terre.
Il est important que nous comprenions cette vérité
Si donc nous constatons qu’une montagne (un obstacle) se dresse devant nous, s’opposant aux desseins divins, nous devons alors parler à cette montagne, pour qu’elle soit ôtée de notre vie, puis la remplacer par une bénédiction spirituelle, conforme à la volonté divine.
– C’est ainsi que Jésus pratiquait l’exorcisme. Il n’expulsait pas un démon présent dans une personne, sans que ce vide ne fût comblé par la venue de son Esprit. Luc 11 : 21/26
– Si les enfants d’Israël avaient saisi cette vérité, ils n’auraient pas refusé d’entrer en Canaan, car Josué et Caleb leur avaient déclaré : «… ne craignez point les gens de ce pays, car ils nous serviront de pâture ; ils n’ont plus d’ombrage pour les couvrir, l’Eternel est avec nous, ne les craignez point ! ». Nombres 14 : 6/9
Ces deux héros de la foi leur disaient en substance : Dieu a ôté la couverture spirituelle qui protégeait ces peuples idolâtres et Il a établi à la place votre victoire.
Mais la parole qu’ils entendirent « …ne leur servit de rien, parce qu’elle ne trouva pas de la foi chez ceux qui l’entendirent. » Le texte original dit : « la parole (de Dieu) ne fut pas formée en eux par une fusion avec le langage de la foi ». Hébreux 4 : 1/3
Sachons-le frères et sœurs, si nous parlons comme Dieu parle, alors tous les obstacles qui s’élèvent contre les desseins du Seigneur seront non seulement enlevés de nos vies, mais aussi remplacés par les bénédictions spirituelles, présentes dans les lieux célestes.
Le salut remplacera la perdition – Le pardon remplacera la culpabilité
La vie éternelle remplacera la mort spirituelle
La lumière remplacera les ténèbres – L’Esprit de Dieu remplacera l’esprit de Satan
La santé remplacera la maladie (ou la faiblesse) – La liberté remplacera l’esclavage
3) Enfin, il nous faudra veiller à tenir ferme sur notre confession de foi. Dans l’épisode du figuier maudit, Jésus parle de deux ennemis, susceptibles d’empêcher la matérialisation des promesses divines dans notre vie.
a) Le doute
Entre le moment où Jésus parla au figuier et le moment où il devint sec, il s’est écoulé plusieurs heures. Chez nous qui vivons dans une dimension spirituelle, inférieure à celle du Sauveur, il peut s’écouler plusieurs jours, plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant de voir se matérialiser les bénédictions divines que nous avons déliées. Pendant cette période d’attente, il nous faudra bannir toutes les voix contraires qui viendront s’interposer, et remettre en cause ce que nous savons être la volonté de Dieu. La voix de nos sens, celle de nos proches, celle de nos amis (chrétiens et non chrétiens) et peut-être même la voix du monde scientifique qui ne jure que par les faits. Faisons comme notre père Abraham qui, après avoir cru la promesse et parlé comme Dieu, espéra contre toute espérance et vit le miracle divin se matérialiser dans sa vie. Romains 4 : 16/22
b) La pureté du cœur
S’il y a un péché qui empêche la matérialisation dans notre vie des bénédictions célestes, c’est bien l’esprit de rancune, d’amertume et de non-pardon. Il nous faudra donc veiller à ne pas neutraliser le pouvoir de « lier et de délier » ce qui est à nous dans le ciel, par un état d’esprit de vengeance, sachant que « la prière du juste a une grande efficacité ». Jacques 5 : 16/18
Epilogue
Quand les églises du premier siècle furent fondées, les apôtres s’aperçurent qu’il y avait deux sortes de chrétiens, les chrétiens charnels et les chrétiens spirituels.
Les premiers avaient bien été justifiés par la foi au sang de Jésus, puis sanctifiés par le sceau de l’Esprit-Saint, mais ils vivaient leur vie chrétienne comme des petits enfants qui n’ont pas de connaissance, ni d’expérience de la parole de justice. Ils avaient bien la foi, mais elle s’était focalisée dans le passé et le futur, et ils vivaient leur présent comme des païens. 1 Corinthiens 1 : 11/14 3 : 1/3 Galates 5 : 13/26 Ephésiens 4 : 17/32 Colossiens 3 : 5/15 Hébreux 5 : 11/14
Les seconds par contre étaient des chrétiens spirituels, remplis de la connaissance de Dieu et qui vivaient la foi au présent, faisant de belles expériences spirituelles avec leur Dieu. Ils étaient devenus des adultes spirituels, car ils se nourrissaient d’une nourriture solide, comparable à de la viande ; la sagesse divine était leur substance nutritive. Non seulement ils étaient en mesure de juger de toutes choses (les êtres et les manifestations spirituelles), mais aussi, par leur foi, ils voyaient l’invisible, marchaient dans l’invisible et matérialisaient l’invisible. 1 Corinthiens 2 : 6/16
– Sondons-nous humblement devant le Seigneur, pour savoir où nous en sommes dans notre vie de foi.
– Regardons en arrière pour voir si, depuis que nous avons embrassé la foi chrétienne, nous avons fait ou non des progrès.
– Puis, ayons le courage et l’audace de changer de comportement, tant que nous en avons encore l’occasion.
– Sans abandonner la foi au passé et au futur, entrons dans la foi au présent avec persévérance et courage, pour plaire au Seigneur, «… car sans la foi (celle qui parle comme Dieu) il est impossible de Lui être agréable… ». Hébreux 11 : 6
Que le Saint-Esprit vous bénisse tous !
Pasteur Joël Loubiat
Bibliographie
– La Sainte Bible avec les commentaires de John MacArthur
– La Bible Online des Editions Clé avec ses commentaires
– La traduction interlinéaire du Nouveau Testament Grec/Français de M. Carrez
– Les dictionnaires Grec/Français de A. Bailly et de V. Magnien et M. Lacroix
– « Impact de foi » de Patrick Fontaine
– « La loi de la foi » de Norman Grubb
– L’encyclopédie des difficultés bibliques de A. Kuen
Matthieu 14 : 22/33
« Aussitôt après, Il obligea les disciples à monter dans la barque et à passer avant lui de l’autre côté, pendant qu’Il renverrait la foule. Quand Il l’eut renvoyée, Il monta sur la montagne, pour prier à l’écart ; et, comme le soir était venu, Il était là, seul. La barque, déjà au milieu de la mer, était battue par les flots ; car le vent était contraire. A la quatrième veille de la nuit, Jésus alla vers eux, marchant sur la mer. Quand les disciples Le virent marcher sur la mer, ils furent troublés, et dirent : C’est un fantôme ! Et, dans leur frayeur, ils poussèrent des cris. Jésus leur dit aussitôt : Rassurez-vous, c’est Moi ; n’ayez pas peur !
Pierre lui répondit : Seigneur, si c’est Toi, ordonne que j’aille vers Toi sur les eaux. Et Il dit : Viens ! Pierre sortit de la barque, et marcha sur les eaux, pour aller vers Jésus. Mais, voyant que le vent était fort, il eut peur ; et, comme il commençait à enfoncer, il s’écria : Seigneur, sauve-moi ! Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit, et lui dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? Et ils montèrent dans la barque, et le vent cessa. Ceux qui étaient dans la barque vinrent se prosterner devant Jésus, et dirent : Tu es véritablement le Fils de Dieu ».
Nous avons dit précédemment que pour ne jamais perdre courage, nous avons besoin d’apprendre à visionner les réalités spirituelles qui existent vraiment, et qui constituent notre héritage spirituel. Ephésiens 1 : 3/14
Et cette vision mentale est déclenchée à la lecture, à la méditation et à l’écoute attentive de la prédication de la Parole de Dieu (La Bible). C’est ainsi que nous pouvons :
Voir dans notre imagination ce que nous sommes réellement en Christ, c’est-à-dire des êtres aimés et acceptés par Dieu le Père, pardonnés, réconciliés, lavés, justifiés, sanctifiés et déjà glorifiés. Et nous voir aussi comme des êtres uniques ayant une valeur exceptionnelle, puisque le Seigneur nous considère comme ses amis et ses collaborateurs.
Si donc, nous apprenons à « visionner » toutes les bénédictions que Dieu a mises sur notre propre compte céleste, alors rien ne pourra freiner notre zèle pour notre Seigneur, et personne ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ. Romains 8 : 31/39
Avant de passer à l’étude qui nous préoccupe aujourd’hui, permettez-moi d’ajouter quelques mots concernant le pouvoir de l’imagination humaine.
En effet, beaucoup de personnes ignorent que tous les grands exploits humains, qu’ils soient scientifiques, technologiques, cinématographiques, sportifs ou autres, sont d’abord nés sous forme de rêves.
Il est intéressant d’entendre les chercheurs modernes soutenir qu’une image mentale est dix fois plus puissante que l’énergie volitive. Si la volonté est orientée dans un sens et l’imagination dans l’autre, c’est l’imagination qui aura le dernier mot.
– Un alcoolique peut fort bien confesser la charte de la Croix Bleue et y croire de tout son cœur, mais si cet homme contemple dans son imagination un verre de bière bien fraîche, sa volonté cèdera le pas à cette vision interne.
– N’est-ce pas de cette manière que Satan trompa nos premiers parents ? Sachant qu’Adam avait reçu l’ordre divin de ne pas toucher à l’arbre de la connaissance du bien et du mal, il conduisit Eve, son épouse, à contempler le fruit de l’arbre défendu. Et ce qu’elle vit avec ses yeux physiques, créa en elle une image mentale de convoitise, qui entraina sa volonté dans le péché. Genèse 3 : 1/7 Jacques 1 : 13/15
Après avoir découvert cette facette bénie du pouvoir de l’imagination, nous pouvons aller un peu plus loin et saisir une autre vérité biblique fort méconnue, mais tout aussi merveilleuse, à savoir : la marche dans l’invisible.
Pour enseigner cette seconde vérité à ses disciples, Jésus va provoquer un évènement qu’ils ne pouvaient soupçonner. Il s’avança vers eux en marchant sur la mer, ou plus exactement en neutralisant toutes les lois de la physique.
Mais la démarche de Jésus n’avait pas pour but d’épater ses disciples, ni de leur montrer sa supériorité spirituelle. Non ! Il chercha à leur montrer comment ils pourraient Le rejoindre un jour dans l’invisible, une fois qu’Il aurait quitté cette terre.
Tant qu’Il était avec eux dans la barque de leur vie, Il leur faisait vivre des choses extraordinaires (l’eau changée en vin, la multiplication des pains, l’expulsions des démons, les diverses guérisons, les résurrections, la tempête apaisée, la transfiguration… ).
Mais une fois qu’Il sera remonté au ciel, ils devront, à leur tour, pénétrer dans la quatrième dimension spirituelle, pour vivre, par eux- mêmes, des choses extraordinaires. Nous allons donc, à partir de notre texte de référence, comprendre comment nous pouvons, aujourd’hui encore, marcher dans l’invisible.
a) Le premier pas consiste à bannir le mot « impossible » de notre vocabulaire.
Si nous prenions le temps de nous écouter, nous serions surpris par le nombre de fois où nous prononçons le mot « impossible ». Il semble que depuis la chute, ce mot a été comme gravé dans le patrimoine génétique des êtres humains. Ce dont nous sommes certains, c’est que le mot « impossible » n’appartient pas au langage de la foi.
– Considérons l’exemple des Israélites qui sortirent d’Egypte sous la conduite de Moïse. Ce n’est qu’à la dixième plaie qu’ils acceptèrent de croire en l’impossible, c’est à dire quitter enfin l’Egypte et dépouiller les Egyptiens, comme Dieu le leur avait dit. Exode 12 : 29/36
Mais voyez ces mêmes personnes, quelques jours plus tard, lorsqu’elles se trouvèrent dans un cul de sac, la mer d’un côté et les Egyptiens de l’autre, tout effrayées, pleurant et gémissant, accusant même Moïse de les avoir conduites dans cet endroit pour les faire mourir. Devant une situation qu’ils ne pouvaient maîtriser, les Israélites reprirent leur ancienne mentalité défaitiste et ne crurent plus en l’impossible. Exode 14 : 1/18
Nous retrouvons ces mêmes personnes, quelques mois plus tard, alors que Dieu leur ordonne d’entrer dans le pays promis, déclarer que cela leur était impossible, prétextant ne pouvoir anéantir les géants. Seuls Josué et Caleb, qui avaient banni de leur vocabulaire le mot « impossible », purent entrer beaucoup plus tard en Canaan avec toute leur famille. Nombres 14 : 1/38
– Et voyez encore ce père désespéré, demandant à Jésus s’il Lui était possible de guérir son fils possédé. Qu’elle fut la réponse du Seigneur ? : « Si tu peux…, tout est possible à celui qui croit. ». A l’écoute de cette parole, cet homme crut « en l’impossible », tout en suppliant Jésus de venir au secours de sa mentalité incrédule, c’est-à-dire de son esprit défiant et défaitiste. Marc 9 : 14/27
Ce qui manquait aux Israélites du temps de Moïse, comme à cet homme de l’Évangile, ce n’était pas la faculté de croire, car nous l’avons tous. Il leur manquait la foi, ou plus exactement l’énergie, la substance ou la certitude des choses que l’on espère, comme le dira l’auteur de la Lettre aux Hébreux. Or, cette énergie-là, nous ne pouvons ni l’acheter, ni la fabriquer par nous-mêmes, ni la recevoir d’un homme ou d’une église. Elle nous est accordée par pure grâce, par le Seigneur Lui-même, car Il est « le chef (l’origine) et le consommateur de la foi …». Hébreux 11 : 1/2 12 : 2 Ephésiens 2 : 8
Si donc, nous nous nourrissons de La Bible (la Parole de Dieu), si nous la méditons (littéralement : la ruminons), en la faisant tourner dans nos pensées, et si nous nous laissons instruire par elle, au moyen des prédications et des études bibliques, alors le Seigneur déversera, dans nos cœurs, toute la dose de foi dont nous avons besoin, bannissant ainsi le mot « impossible » de notre vocabulaire ; car il est écrit : «… la foi vient (littéralement : sort ou est issue) de ce que l’on entend de la Parole du Christ. ». Romains 10 : 17
Mais cette énergie divine qui met en mouvement notre faculté de croire, provient d’une parole spécifique du Seigneur. Il ne s’agit pas de la parole « logos » (écrite), mais de la parole « rhéma » (précise) qui insiste, davantage, sur le fait de dire ou proclamer quelque chose de spécifique.
Ainsi, quand le Christ parle au moyen de la prédication, (ou parfois en faisant qu’un texte biblique brûle en notre âme), l’énergie divine que nous appelons « foi » est alors transmise à nos cœurs, nous permettant de croire en l’impossible. Il est donc important que nous soyons attentifs, lorsque nous lisons la Bible, ou lorsque nous entendons les prédications, car Dieu utilise les canaux de l’audition pour engendrer la foi, dit l’apôtre Paul. Comparez le cas de Lydie, la marchande de pourpre, comme celui des trois mille âmes qui se tournèrent vers le Seigneur, le jour de Pentecôte, et vous constaterez qu’elles furent attentives et transpercées par le message qu’elles entendirent. Actes 2 : 14/42 16 : 14 17 : 32/34
C’est pourquoi la responsabilité de l’homme est engagée, lorsque Dieu parle à son cœur. S’il persiste dans l’incrédulité (dans la défiance) après avoir entendu la Parole du Seigneur, il donne à Satan le droit de le maintenir dans la mort spirituelle. 2 Corinthiens 4 : 3/4
Ainsi, un chrétien rempli de foi ne niera pas les difficultés présentes, ni les douleurs de la maladie, ni les évènements contraires, mais il n’abdiquera jamais devant les faits, confessant inlassablement que non seulement « rien n’est impossible à son Dieu », mais que « rien ne lui est également impossible ».
b) Pour marcher dans l’invisible, nous devons savoir deux choses et être déterminés à faire deux choses.
– La première vérité que nous devons savoir, c’est que toutes les solutions à nos problèmes existent dans les lieux célestes.
– Et la seconde est de prendre conscience que Jésus vient à notre rencontre pour nous les apporter. Quand Jésus a vu la tristesse des disciples d’Emmaüs après la crucifixion, Il s’approcha d’eux, ayant la solution à leur peine et à leur abattement. Et quand les yeux spirituels de ses disciples s’ouvrirent, ils purent « marcher dans l’invisible », retournant à Jérusalem pleins de joie et de zèle, et proclamant à qui voulait les entendre que le Christ était bien vivant. Luc 24 : 13/35
– N’est-ce pas également de cette manière que le futur apôtre Pierre put exercer son ministère apostolique ? Après avoir renié à trois reprises son Maître, il retourna à son ancien métier, plein de regrets pour ce qu’il avait fait. Mais le Seigneur est venu à lui, avec la solution à ses problèmes.
Et quand Simon vit le Seigneur sur la plage, il se jeta à la mer pour Le rejoindre, afin de recevoir de Lui sa restauration. Jean 21 : 7/19
Puis nous devons désirer deux choses
– La première c’est vouloir être bénis. Car aussi surprenant que cela puisse paraître, il y a des chrétiens qui se complaisent dans leur état, acceptant passivement leur situation. Souvenons-nous de la question que posa Jésus à un homme infirme depuis trente-huit ans : « Veux-tu être guéri ? ». A une autre occasion, Jésus demandera à un aveugle ce qu’il voulait qu’il lui fît. N’est-il pas surprenant de poser de telles questions à des personnes malades ?
Non ! Car pour marcher dans l’invisible et aller à la rencontre du Seigneur, nous ne devons pas être animés d’un simple désir, mais d’une ferme résolution d’obtenir une réponse et une aide concrète du Seigneur, car il est dit : « celui qui s’approche de Dieu, doit croire qu’Il existe et qu’Il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. » Le verbe « s’approcher », (proserchomail en grec), signifie littéralement : venir se connecter à une personne (dans le monde invisible). Hébreux 11 : 6
– Le second désir qui doit nous animer, c’est de recevoir une parole spécifique du Seigneur, comme Simon Pierre en fit la demande : «… si c’est Toi, ordonne que j’aille vers Toi sur les eaux...». Simon sait qu’un être humain ne peut marcher sur l’eau et que ce serait de la présomption de le faire, sans un ordre précis venant du Seigneur. Il demande donc à Jésus une parole précise (un rhéma), une parole qui lui soit personnellement adressée dans sa situation, une parole qui concerne son problème, une parole qui porte en elle la semence du miracle. Et comme le Seigneur souhaite voir les chrétiens se « connecter » à Lui, Il accède à leur demande.
Ô combien cette vérité est comme occultée dans les églises chrétiennes contemporaines ! Comme Jacques, le frère du Seigneur, l’avait déjà signalé au premier siècle, «… vous ne possédez pas, parce que vous ne demandez pas ». Jacques 4 : 2
Parmi tous les disciples présents dans cette barque, seul Simon-Pierre osa demander à Jésus la parole qui créait la foi. Les autres restèrent tranquilles dans la barque, et contemplèrent de visu ce que peut faire la foi en la Parole du Christ, mais sans avoir, eux-mêmes, le désir de participer à cette expérience merveilleuse. N’ayant rien demandé à Jésus, ils ne reçurent rien de sa part.
Le désir de marcher dans l’invisible doit être associé à la prière de demande, comme le fit l’ami importun qui osa demander à son ami – qui dormait chez lui -, de lui accorder les trois pains de la bénédiction. Si nous osons demander au Seigneur une parole spécifique au cœur de nos situations difficiles, Il nous la donnera et nous pourrons ainsi Le rejoindre dans l’invisible. Luc 11 : 5/13
Mais attention à ne pas prendre des raccourcis, comme le font certains, en confessant les promesses divines selon la méthode Coué, pensant que c’est de cette manière que l’on obtient la bénédiction, la réussite, le succès matériel ou une quelconque guérison
c) Pour marcher dans l’invisible, il nous faudra aussi vaincre la crainte.
Nous ne parlons pas de la peur que nous pouvons tous ressentir devant certaines situations qui nous dépassent, à l’exemple d’Abraham, de Sara, ou d’Elie le prophète. Nous ne faisons pas non plus référence à la crainte de Dieu, ce Saint respect de Sa personne qui nous pousse à Lui obéir, à L’adorer et à changer de motivations morales.
Non ! La crainte dont nous devons nous dépouiller est cet état d’esprit de servitude, comme le dit l’apôtre Paul, qui nous contrôle et nous paralyse. « …vous n’avez pas reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte… », dira Paul aux Romains. Romains 8 : 15
– C’est cette peur panique qui incita aussi les Israélites à perdre pieds, devant la menace des Egyptiens. Exode 14 : 10-15
– C’est encore la peur des géants qui empêcha le peuple d’Israël de prendre possession du pays de Canaan, le rendant esclave du désert. Nombres 13 : 26/33 14 : 1/4
– Et c’est toujours cette peur panique qui poussa les futurs apôtres à se barricader, après la résurrection du Seigneur, stoppant ainsi leur témoignage auprès d’un monde perdu. Jean 20 : 19
– Cette crainte-là n’est pas l’œuvre du Saint-Esprit, mais elle est une pollution mentale qui vient de Satan, car elle nous fait parler comme Adam : «… j’ai eu peur de Toi… », ou comme Job : « Ce que je crains, c’est ce qui m’arrive ; ce que je redoute, c’est ce qui m’atteint. ». Genèse 3 : 10 Job 3 : 24/26
Combien de chrétiens aux prises avec des difficultés déclarent : « Je le savais, je m’en doutais, je le redoutais, j’ai toujours su que cela arriverait, la guigne est attachée à moi… »
– Parfois, dit Judson Cornwall, la crainte se déguise sous la forme de l’inquiétude. Confesser, « Je n’ai pas peur, mais je suis tout de même inquiet… », n’est guère que de la crainte inavouée. La crainte n’est autre que la foi inversée (c’est-à-dire de la foi dans les choses mauvaises).
Si la foi qui plaît à Dieu se nourrit des paroles de Dieu, la crainte, elle, se nourrit des paroles de Satan.
– Ainsi la foi dit : « cela se fera », alors que la crainte dit : « cela ne se fera pas ».
– La foi déclare : « je peux le faire », alors que la crainte déclarera « je ne peux pas le faire ».
– La foi parlera comme Dieu et dira : « le Seigneur me relève de ma faiblesse psychique ou physique », alors que la crainte parlera un langage défaitiste : « je ne serai jamais rétabli… Je resterai toujours faible et malade ».
Patrick Fontaine n’hésite pas à paraphraser la définition de la foi pour décrire la crainte de cette manière : « la crainte est l’assurance des choses que l’on redoute, la démonstration de celles que l’on ne voit pas… La crainte vient de ce que l’on entend de la parole de Satan… La crainte fixe les yeux sur Satan qui en est l’auteur et qui la mène à la perfection… Et la crainte possède une confession inversée à celle de la foi. » (Extrait de « Impact de foi »)
Pour marcher dans l’invisible, comme le fit Simon-Pierre, nous devons donc refuser l’accès de nos pensées au diable et à tous ses mensonges, car sa tactique sera toujours la même : « Dieu a-t-il réellement dit… ? » Genèse 3 : 1
C’est ainsi que le diable a réussi à tromper de nombreux chrétiens corinthiens. (2 Corinthiens 11 : 3) Pour nous préserver de la pollution de Satan, nous devons saturer nos pensées par des pensées divines, en méditant les paroles du Seigneur, et en les confessant comme étant vraies et dignes de confiance. « Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l’objet de vos pensées ». Philipiens 4 : 8
d) Pour marcher dans l’invisible, nous devons contrôler la voix des sens.
Nous sommes des êtres de chair et de sang, et la persévérance dans le surnaturel divin exigera de notre part des efforts, pour contrôler la voix de nos cinq sens. Pierre était certainement heureux de marcher sur l’eau à la rencontre de son Seigneur, mais quand il commença à voir les flots agités, à entendre le bruit du vent et à ressentir sur son visage les embruns, il douta qu’un être humain pût faire ce qu’il faisait. L’expression « homme de peu de foi », employée par Jésus, est le mot grec « ologopistos » qui ne désigne pas une absence de foi, mais un affaiblissement dans l’exercice de cette foi ; provoqué par un facteur extérieur, cet affaiblissement incite le croyant à mettre en doute la parole « rhéma » que Dieu lui avait personnellement adressée.
Jacques nous en donnera deux beaux exemples
a) Si nous manquons de sagesse, dit-il, nous pouvons la demander à Dieu, car Il est disposé à nous l’accorder. Mais si après l’avoir demandée, un évènement extérieur vient remettre en cause ce que nous savons être la volonté de Dieu, notre foi oscillera comme le flux et le reflux de la mer, et l’exaucement divin sera bloqué. Jacques 1 : 5/8
b) Si nous faisons appel aux anciens de notre église locale pour recevoir l’onction d’huile, en vue d’une guérison physique ou morale. Une fois que la prière de la foi a été faite par les anciens, comme le Seigneur le souhaite, n’écoutons plus la voix de nos sens par lesquels nous ressentons encore la douleur, car elle cherche à remettre en cause ce que Dieu déclare être vrai. Mais appuyons-nous avec une foi ferme et déterminée sur cette promesse de l’Écriture : «… le Seigneur relèvera (remettra debout ou restaurera) le malade ; et s’il a commis des péchés – ayant un rapport avec sa maladie ou sa faiblesse -, il lui sera pardonné ». Jacques 5 : 14/15
Epilogue
Si donc, au sein de nos problèmes, nous osons croire que Jésus possède toutes les solutions à nos ennuis, alors ayons l’audace et le courage de Lui demander une parole spécifique ; celle qui nous permettra de Le rejoindre dans le royaume de l’Esprit, pour saisir ce qu’Il a à nous offrir.
Et une fois sortis de notre barque, n’écoutons pas la voix de nos sens, ni les autres voix qui veulent affaiblir notre foi. Marchons avec persévérance dans l’invisible, sans remettre en cause (en doute) ce que Dieu nous a clairement révélé par sa parole « rhéma ».
Puis, remontons dans la barque de notre vie quotidienne, les bras chargés de bénédictions spirituelles.
Que le Saint-Esprit vous bénisse tous !
Pasteur Joël Loubiat
Bibliographie
– La Sainte Bible avec les commentaires de John Mac Arthur
– La Bible Online des Éditions Clé
– La Bible Annotée de l’Ancien et du Nouveau Testament
– Les dictionnaires Grec/Français de A. Bailly et de V. Magnien et M. Lacroix
– L’encyclopédie des difficultés bibliques de A. Kuen
– « Impact de foi » de Patrick Fontaine
– Commentaire sur la première Lettre aux Corinthiens de F. Godet
– « Entourer les faibles » de S. Pfeifer , livre audio, cliquez sur le nom de l’auteur !
– « Approche de la relation d’aide » de J. Crabb
– « Les conflits » de Claire et J. Poujol